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La Commune – publication et dédicace des « 72 immortelles » de J. Chérasse

Proclamation de la Commune – mars 1971 – Place de l’Hôtel de Ville de Paris

Publication aujourd’hui de l’ouvrage de Jean Chérasse :  « Les 72 immortelles ou la fraternité sans rivages ».

Il y a environ deux mois, j’apportai un bouquet de nouvelles concernant les travaux de certains de nos intervenants à notre colloque sur la Commune. (ici)

Pour Jean Chérasse, pour l’histoire de la Commune et aussi pour Henri Guillemin, la très bonne nouvelle est la publication, aujourd’hui, de son livre-somme sur la Commune au beau titre de Les 72 immortelles ou la fraternité sans rivages »  aux éditions Le Croquant.

Cet ouvrage est pour lui un colossal engagement : d’abord une promesse faite à Henri Guillemin au moment où celui-ci, complice de ses travaux, s’impliqua directement dans la réalisation de son film sur l’affaire Dreyfus. C’est aussi un engagement personnel, philosophique, politique et personnel, voire intime, puisque le livre est réalisé à partir d’archives historiques, dont une partie provient de certains membres de sa famille, « Communeux » indéfectibles.

Jean a écrit un livre de plus de 1000 pages.
Un tel document, sur un tel sujet, est aujourd’hui une gageure que tout éditeur sérieux ne peut appréhender qu’avec prudence. On lui demanda donc de le réduire à environ 600 pages. Il est facile d’imaginer la difficulté et la douleur de sacrifier une si grande part, presque la moitié, d’un livre qui représente pour Jean, une sorte de testament à la fois historique, politique et philosophique.

Mais c’était sans compter la puissance d’évocation du récit, le souffle épique de cette histoire.
Emporté à son tour par tout ce que représente encore aujourd’hui la Commune, le directeur des éditions Le Croquant a eu l’intelligence (et le courage éditorial) de finalement accepter d’éditer l’intégralité de l’ouvrage.
En deux tomes.

Et c’est le premier tome qui sort aujourd’hui (le second paraîtra dans quelques mois).

Couverture du livre – Illustrations par l’artiste Eloi Valat – éd. Le Croquant – env. 500 pages – 24 €

4e de ouverture

Née dans la fête, noyée dans le sang, la Commune de Paris a surgi telle une fleur du cerisier de Jean-Baptiste Clément, à la fin d’un hiver effroyable rendu difficilement supportable par les rigueurs d’un siège, mais elle reste, par sa brève fulgurance, une parenthèse extraordinaire de l’histoire de France.
Or cette brûlure de la société française n’est effective que le 26 mars 1871, le jour de sa proclamation officielle à l’Hôtel de Ville, mais on peut raisonnablement dire qu’elle existe en filigrane depuis plusieurs mois et que son éclosion, l’affaire des canons de la butte Montmartre le 18 mars, n’est en réalité que la dernière péripétie de la marche lente et inéluctable du peuple de Paris vers son émancipation…
Après avoir subi pendant plus de vingt ans le joug d’un Empire qui était l’alliance du Château, de l’Usine et de la Banque, avec la bénédiction de l’Evêché, et les désastres d’une guerre absurde conduisant à la pitoyable invasion du territoire, la foule parisienne avait imposé le retour de la République mais, comme par le passé ce changement avait été immédiatement récupéré par la bourgeoisie substituant aux autorités impériales et à sa camarilla, un gouvernement dit « de défense nationale » qui va atermoyer car il a considéré que le danger prussien était bien moins inquiétant qu’un soulèvement populaire.
Un orage historique va donc se produire, et il sera violent. C’est cette histoire, qui dura 72 jours, que l’auteur raconte dans ce livre.

Publication suivie d’un événement : dédicaces le samedi 17 mars 2018 à  au « 104 » 75019 Paris

Calendrier du hasard !
Jean Chérasse anime quasiment quotidiennement depuis neuf ans un blog sur Médiapart sous le pseudonyme Vingtras et comme il le dit dans sa dernière livraison :  » Ce 1747e billet qui marque le 9e anniversaire du blog « vingtras » est la présentation en avant-première, d’un livre né du désarroi de la gauche après l’échec de Ségolène Royal, et de l’émergence de Mediapart. Il me semble donc opportun qu’il soit mis en vente samedi prochain 17 Mars lors de la fête du 10e anniversaire de ce journal ».
Vous pourrez donc le rencontrer samedi prochain 17 Mars à la librairie du « 104 » ou « Centquatre », Ecuries Nord – niveau 1 – 5 rue Curial – 75019 Paris à partir de 15h00.

Fruit d’une promesse faite à Henri Guillemin, ce livre, longtemps resté en gestation, nous apporte aussi une certaine émotion ; car on peut imaginer l’intensité et la richesse des discussions des deux compères d’alors qui, dans un mouvement heuristique (comme aime à le dire Jean Chérasse), cherchaient passionnément dans d’infinis débats, à travers l’histoire de La Commune, ces 72 journées mémorables, la formule renouvelée d’une organisation sociale applicable aujourd’hui, capable d’instaurer, enfin, une véritable justice sociale sur cette planète.

Mais le dernier mot doit revenir à Chérasse en lisant son dernier billet : cliquez ici

(Programme des réjouissances Mediapart : voir leur site)

Billet rédigé par Edouard Mangin

Jean Chérasse lors de son intervention au colloque « Henri Guillemin et la Commune » le 16 novembre 2016 à Paris Sobonne.

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Un an après le colloque sur la Commune, quoi de neuf ?

Archimède – tableau de Domenico Fetti, peintre italien baroque (1589 – 1623) – galerie Alte Meister à Dresde

Faudrait-il rester insensible à certains concours de circonstances, à une sorte de hasard objectif tel que le théorisait André Breton ? Une posture trop surréaliste ? Peut être.

Si ce n’est que les événements qui nous sont parvenus, survenus en une même période, soit un laps de temps restreint (les derniers mois de l’année dernière), concernent nos amis du monde (menacé) de la recherche et de la pensée critique ; plus exactement ceux et celles que nous avions invités à intervenir à notre dernier colloque et dont les travaux, ressortissant pleinement aux valeurs que nous défendons, méritaient qu’on s’y intéressât de plus près .

Déjà, à la suite du colloque « Henri Guillemin et la Révolution française – le moment Robespierre » le 26/10/13, nous avions relayé les informations sur les travaux menés ultérieurement par certains des intervenants.

Cette fois-ci, un an après le colloque sur la Commune, nous avons le plaisir de vous présenter d’intéressantes nouvelles qui concernent Patrick Berthier, Cécile Léger, Annie Lacroix-Riz et Jean Chérasse.
Commençons donc par ce dernier.

Jean Chérasse

Jean Chérasse fut l’un des intervenants de notre colloque le 16 novembre 2016. Son intervention portait sur : « Les « 72 Immortelles » ou la Commune, révolution de la fraternité ».

La bonne nouvelle à indiquer de suite est la parution, dans quelques mois, de son immense ouvrage sur la Commune de Paris intitulé : Les 72 immortelles ou la fraternité sans rivages.

Rappel des faits.

Au moment du colloque, Jean entrait dans la dernière phase de la rédaction de son immense ouvrage sur la Commune.

Cet ouvrage est pour lui un colossal engagement : d’abord une promesse faite à Henri Guillemin au moment où celui-ci, complice de ses travaux, s’impliqua directement dans la réalisation de son film sur l’affaire Dreyfus ; film absolument exemplaire, si contesté, si bafoué, si malmené par les dominants de l’époque ; une œuvre parmi les raretés qui lutte pour la vérité des faits, heureusement encore disponible en DVD sur les marchés numériques.

C’est ensuite un engagement personnel, hautement philosophique, politique et personnel, voire intime, puisque le livre est réalisé à partir d’archives historiques, dont une partie provient de certains membres de sa famille, « Communeux » indéfectibles.
Oui, car la Commune est pour Jean le chant absolu de l’indestructible humanisme, de l’indéfectible fraternité entre les hommes, qui, par delà les obstacles, devraient unir tous les êtres humains. Lumières que la Commune a, pendant 72 journées mémorables, esquissé, et qui restent un témoignage vivant aujourd’hui.

La deuxième bonne nouvelle est que Jean Chérasse, après avoir essuyé une multitude de refus de la part d’éditeurs pourtant encartés à gauche (Ah ! Quand il s’agit de parler du peuple !), a conclu un contrat, en bonne et due forme avec les éditions Le Croquant.
Un livre à paraître « au temps des cerises »…. comme il me l’a dit (mais cerises du printemps 2018 !).

L’ouvrage est important. Il se compose de cinq parties qui suivent une introduction très étoffée. La première retrace l’histoire des luttes depuis 1789 jusqu’à 1871. La deuxième parle des prémisses de la Commune. La troisième est le coeur de l’ouvrage :  une éphéméride des 72 jours de la Commune, le récit des faits de la vie quotidienne, basé sur les archives et les traces accessibles, les témoignages publics et privés, les poésies et chansons, les photographies,  le tout agrémenté par des extraits des œuvres de fiction-documentaire des écrivains et des dessinateurs. La quatrième partie a pour titre  » Décodage, désenfumage et analyses ». Enfin, la cinquième et dernière partie rassemble les conclusions.

Continuons par

Céline Léger

Céline Léger fut l’une de nos intervenantes au colloque pré-cité. Sa très brillante intervention avait pour sujet :  » La Commune de Paris, drame de Vallès (1872) : une « fédération des douleurs » ? « .

Le 12 octobre 2017, eut lieu la soutenance de sa thèse de littérature française sur le thème « La fabrique médiatique de l’événement au XIXe siècle : Jules Vallès, écrire et faire l’histoire ».
Un sujet important pour nous s’agissant de Jules Vallès, l’un des acteurs de premier plan de la Commune, doublé de l’écrivain ainsi révélé. Henri Guillemin lui a consacré un livre pour approcher au près cet homme énigmatique qui intriguait Guillemin par « le feu qui brûlait en lui ».

La soutenance s’est déroulée devant un jury composé de : Marie-Eve Thérenty (professeur de littérature française à l’université de Montpellier III), Marie-Françoise Melmoux-Montaubin (ancienne élève de l’ÉNS – Sèvres, agrégée de lettres classiques, docteur en littérature française, spécialiste de la littérature du XIXe siècle ), Denis Pernot (professeur de littérature française à l’université Paris-13), Corinne Saminadayar-Perrin (co-directrice de thèse -professeur de littérature française du XIXème siècle à l’université Paul-Valéry -Montpellier 3), et Jean-Marie Roulin (co-directeur de thèse – professeur de littérature française du XIXe siècle, université Jean Monnet, Saint-Étienne).

Et, circonstances des temps, hasard heureux, au mois de décembre 2017, Céline nous informait que sa thèse était en bonne voie d’être publiée en 2018.

Depuis, Céline Léger, forte de ses degrés d’éminence, mais au gré des procédures propres à l’Education Nationale, a repris un poste d’enseignante agrégée de français dans l’enseignement secondaire.

Une autre bonne nouvelle est qu’elle prépare actuellement un recueil d’inédits de Jules Vallès pour un numéro à venir de la revue Autour de Vallès (pour aller voir la revue, cliquez ici)

De plus, infatigable, elle prépare parallèlement, en tant que co-directrice, un numéro spécial de cette même revue sur le thème des écrits d’exilés au XIXe siècle.

Filons maintenant notre récit par

Annie Lacroix-Riz

Annie Lacroix-Riz fut l’une des intervenantes au colloque de novembre 2016 sur Henri Guillemin et la Commune sur le thème « 1870, une défaite choisie ».

Annie partage actuellement son temps entre la rédaction de son prochain ouvrage qui fait suite à Les élites françaises entre 1940 et 1944 – De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine ? paru en avril 2016 aux éditions Armand Colin et ses nombreuses interventions publiques comme au Centre Universitaire d’Etudes Marxistes (CUEM), au Café d’histoire critique et de philosophie marxiste ou dans certains media, comme très récemment sur Radio Galère (pour écouter l’émission, cliquez ici). 

A la fin du mois de novembre 2017, Annie diffuse le message suivant :

Je vous remercie de prendre le temps de vous informer sur un exemple de censure cléricale et médiatique étendue sur plus d’une année, et qui vient de se clore à la RTBF, principale chaîne de télévision belge.

Un tel interdit mériterait la fanfare, mais les spectateurs belges l’ignoreront sans doute autant que le public français. Cet exemple accroît la longue liste connue des ostracismes prononcés de longue date en France contre la recherche scientifique et critique en général, et contre les chercheurs indépendants des puissants en particulier.

L’exposé, un peu long, ne vous rebutera pas, j’en suis certaine : j’ai été contrainte à fournir des détails, les jugeant d’autant plus nécessaires qu’il est rare de pouvoir saisir (ou disposer d’éléments solides sur) le processus de censure qui, nous affirme-t-on, n’existe pas dans nos démocraties-modèles et notre grande presse libre.

Les correspondances attestent que je n’étais aucunement demanderesse de la publicité des grands médias: dois-je préciser que c’est toujours le cas, et que je considère les sources électroniques comme le quasi exclusif moyen d’information actuellement accessible : jusqu’à quand est une question qui se pose de plus en plus clairement.

Ambitious new plans – 2005 – Tableau de Jules de Balincourt, artiste français né en 1972

Puis vient le lien (cliquez ici) qui amène au récit détaillé de cette censure déguisée. Une censure directement dirigée contre la recherche critique, donc contre l’établissement de la vérité historique qui dérange les puissants, quels qu’ils soient.

Comme vous le verrez, ce n’est pas la longueur du texte qui surprend : il se lit très facilement, quasiment comme une histoire à suspense, sauf qu’il ne s’agit pas d’une fiction mais bien de la réalité. Ce qui étonne le plus est l’enchaînement des faits qui culminent à une sorte de coup de théâtre grotesque et grossier, derrière lequel se révèle l’âpre réalité des rapports de force sociaux toujours à l’oeuvre.

Et, « Last but not least », nous finissons par

Patrick Berthier

Patrick a ouvert le colloque sur la Commune par une intervention « Petit inventaire des écrits de Guillemin sur la Commune » qui débutait par un beau texte du jeune Guillemin et qui montrait que ce sujet avait été au centre de ses réflexions tout au long de sa vie.

La bonne nouvelle est la parution, fin décembre 2017, de son ouvrage Henri Guillemin tel quel aux éditions Utovie. Un portrait critique, une nouvelle étude sur l’homme, son œuvre, sa méthode, ses engagement. Un livre brassant 40 ans de travail et de fidélité à Henri Guillemin.

Voici la présentation de l’éditeur :

Henri Guillemin, par son approche iconoclaste de l’Histoire, suscite toujours autant de passions. Haï par ses détracteurs, adulé par ses inconditionnels, il dérange les habitudes coincées des « spécialistes », bouscule les idées reçues, enthousiasme les rebelles… Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il nous a appris à aimer l’Histoire dès lors « qu’elle entre dans la période des aveux » et quitte les chemins des « gens de bien » .

En juillet 1977 et janvier 1978, Henri Guillemin s’est longuement entretenu avec Patrick Berthier ; le résultat de ces dialogues, soigneusement revu et souvent très atténué par l’intéressé, a été publié chez Gallimard sous le titre Le Cas Guillemin en 1979.

On lira ici non pas la réimpression de ce livre, mais l’édition de l’enregistrement original, avec rétablissement de tous les passages supprimés ou modifiés comme politiquement ou religieusement incorrects ; on pourra ainsi constater que dès 1977 le matériau et les thèmes de L’Affaire Jésus (1982) ou de Parcours (1989) étaient fixés dans l’esprit de Guillemin.

Cet autoportrait désormais non censuré forme le noyau d’un ensemble dont la première et la troisième parties sont une version revue et enrichie de Guillemin, légende et vérité publié par Utovie en 1982. Ainsi se trouve enfin réalisé ce qui à l’origine aurait dû former un livre en trois parties : l’image de Guillemin dans la critique des années 1950-1970, les mots de Guillemin dans les entretiens de 1977-1978, la part intime de Guillemin telle que la lecture de toute son œuvre permet de la deviner.
En somme, « Guillemin tel quel ».

 

En écrivant ces lignes, j’ai eu envie, s’agissant du portrait d’un homme à la personnalité complexe et captivante, de mentionner également le témoignage de Patrick Rödel.
D’abord en rappelant le portrait à la fois intime et critique qu’il a dressé de Guillemin dans son livre Les petit papiers d’Henri Guillemin (lire le résumé en cliquant ici).
Et ensuite en vous invitant à lire le texte qu’il a rédigé pour saluer la sortie de Henri Guillemin tel quel, paru le 29 décembre dernier dans Médiapart. (Pour lire la recension de P. Rödel, cliquez ici.).

Lettre rédigée par Edouard Mangin

 

Bateaux de combat, bateaux de papier – 2000 – oeuvre de Lester Rodriguez artiste du Honduras né en 1984
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Bonne année 2018

Hautes Pyrénées. Montée par la Pène des Aubères. Vue sur la vallée du Louron

 

Chers abonnés, chers adhérents, chers amis,

Tout d’abord mille mercis pour votre soutien, vos commentaires, vos suggestions, qui nous aident à faire connaître le plus largement possible Henri Guillemin, son oeuvre, son engagement ; sa façon singulière de dénoncer les mensonges du discours officiel ; sa détermination à dévoiler et à populariser les vérités et les faits qui dérangent le beau monde.

Il est heureux que, grâce à Internet, se développe aujourd’hui une curiosité croissante pour son engagement en histoire politique, à travers ses ouvrages et ses conférences. Si l’outil Internet a grandement facilité la (re)découverte d’Henri Guillemin, l’intérêt grandissant pour lui s’explique aussi par la pertinence de ses démonstrations, qui mettent en lumière les enjeux et les rapports de classes, lesquels entrent pleinement en résonance avec notre actualité socio-politique.

Les Ami(e)s d’Henri Guillemin (LAHG) ouvrent, avec 2018, leur troisième année d’activités avec pour feuille de route les projets et travaux suivants :

Colloque Henri Guillemin sur la France de 1940

Nous visons à tenir un rythme biennal pour organiser ces manifestations fortement mobilisatrices. Ainsi, après « Henri Guillemin et la Révolution française – le moment Robespierre » (2013) et  » Henri Guillemin et la Commune – le moment du peuple ? » (2016), le prochain colloque aura pour thème, à partir de l’affaire Pétain étudiée par Henri Guillemin, d’élargir la réflexion en abordant les causes de la débâcle de 1940 et le contexte particulier de cette période historique.

Les propos échangés lors de notre assemblée générale le 2 décembre dernier ont permis de définir ainsi le thème général et de fixer la date de cette prochaine rencontre : le colloque se tiendra le samedi 17 novembre 2018 dans une salle parisienne que nous recherchons actuellement. Il sera, comme les précédents, entièrement filmé et diffusé sur notre site et sur Internet. A vos agendas !

 

Publications Henri Guillemin

Cross références – tableau de Jonathan Wolstenholme (né en 1950) – collection privée

Après la publication, fin 2016, de la nouvelle bibliographie d’Henri Guillemin, entièrement revue et corrigée et considérablement enrichie par rapport à la précédente : Guillemin – une vie pour la vérité – bibliographie (pour en savoir plus, cliquez ici), Patrick Berthier a terminé la refonte intégrale de ses deux ouvrages précédents Le cas Guillemin (Gallimard 1979) et Guillemin, légende et vérité (Utovie 1982). L’ouvrage, intitulé Guillemin tel quel, a été présenté par son éditeur Utovie lors de notre AG du 2 décembre 2017. Il ne s’agit pas de la simple réimpression des deux livres antérieurs mais d’une édition entièrement revue et corrigée et surtout intégrant l’enregistrement original, avec rétablissement de tous les passages supprimés ou modifiés à l’époque par Henri Guillemin.
Ce livre fera l’objet d’une recension dans la prochaine lettre d’information. Pour en avoir un aperçu, cliquez ici.

 

Chroniques du Caire

Comme vous le savez depuis la diffusion de nos lettres, Henri Guillemin fut nommé à l’automne 1936 professeur de littérature française à l’Université du Caire, où, au bout d’un an, on lui proposa de tenir une tribune de critique littéraire dans le journal La Bourse égyptienne. C’est finalement 98 chroniques qui paraîtront dans ce journal. Après vous avoir fait connaître celles sur Simenon, Sartre, Malraux, Céline, Mauriac, Bernanos, nous continuerons à diffuser les bonnes feuilles de cet ensemble d’articles critiques.

Mais le plus important est la publication de ces chroniques sous forme d’anthologie que prépare actuellement Patrick Berthier. Même s’il ne s’agit pas stricto sensu d’inédits, ces textes sont aujourd’hui inconnus du grand public. Leur publication à venir par les éditions Utovie, possiblement en 2018, représente donc une véritable découverte.
Nous vous en dirons plus au fur et à mesure de son avancement.

 

Chemins de traverse

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Garrowby Hill  – tableau de David Hockney (né en 1937)

C’est la rubrique qui nous permet de faire connaître des ouvrages d’auteurs contemporains, dont les sujets entrent en convergence avec les engagements d’Henri Guillemin, notamment dans le champ de l’histoire politique. Pour nous, il est important de faire connaître ce type d’ouvrages et les Chemins de traverse continueront de sillonner les paysages de la pensée critique. D’autant que certains adhérents, présents le 02/12/17, se sont proposés pour apporter des recensions, une bonne nouvelle accueillie à l’unanimité.

 

Voici donc notre plan de charge pour 2018 qui poursuit l’ambition de développer la notoriété d’Henri Guillemin et, par la diffusion de son esprit critique, de briser le granit des fausses certitudes.

Très bonne année 2018 à toutes et à tous !

 Teenager, Teenager 2011 – oeuvre de Sun Yuan & Peng Yu – Arario Gallery Séoul

 

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Claudel chez Mammon – la diatribe de Guillemin

De gauche à droite : Paul Claudel, Henri Guillemin, François Mauriac, André Gide – photomontage S. Grollier – exclusivité LAHG

 

L’article « Lettre d’un catholique – Claudel chez Mammon »,  signé Henri Guillemin, paru dans le journal La Flèche de Paris, le 7 juillet 1939 est une réplique ferme, nette et claire, à Paul Claudel. Bien au-delà de ce que l’on pourrait considérer comme une anecdote sur les désaccords, voire les conflits entre personnalités de la vie littéraire de l’époque, cette controverse fait apparaître les zones de clivage toujours en mouvement dans les rapports humains :  entre opportunisme et intégrité, principes et compromission, posture éthique et calcul cynique, courage et lâcheté.

L’affaire réunit quatre grandes personnalités : Paul Claudel, François Mauriac, André Gide et Henri Guillemin.  Même si l’œuvre de Guillemin est encore à ce moment-là devant lui, chacun connaît la réputation des autres. Mais les relations entre Gide, Mauriac et Guillemin sont plus étroites, plus complices et une véritable amitié lie les deux derniers.  Ils vont se réunir et élaborer ensemble la réplique à Claudel.

Comme l’explique très bien Patrick Rödel, ce travail commun n’empêche nullement le ton guilleminien de dominer ; sur la forme et surtout sur le fond car, comme toujours, Guillemin voit dans le faux pas de Claudel, la faute impardonnable d’un grand poète qui se compromet avec  les puissants pour les honneurs et la richesse matérielle.

La lettre d’aujourd’hui forme un diptyque incontournable : d’abord le texte, puis l’explication de texte.

 

L’article de Guillemin

« Lettre d’un catholique – Claudel chez Mammon. Journal La Flèche de Paris, le 7 juillet 1939, (p. 3)

Paul Claudel a publié, dans Le Figaro du 24 juin dernier, un article qu’il est impossible de passer sous silence. Cet article est dirigé contre Jacques Maritain, nommément, et, derrière Jacques Maritain, contre tous les catholiques qui ont le souci d’être fidèles à l’esprit de l’Évangile comme à la lettre des Encycliques.

La phrase de Jacques Maritain qui a provoqué l’irritation de Paul Claudel est celle-ci : « Tant que les sociétés modernes secrèteront la misère comme un produit normal de leur fonctionnement, il n’y aura pas de repos pour un chrétien ».

Il est pénible, d’abord, de voir un homme de la taille de Claudel s’abaisser, pour mener plus favorablement son attaque, à feindre de comprendre de travers ce qu’il entend parfaitement. M. Maritain, affirme-t-il, « nous déclare que la misère est le résultat normal du fonctionnement de la société, autrement dit la fin en vertu de quoi elle existe ». Cet « autrement dit » est très exactement un tour de passe-passe, un artifice de prestidigitation. On peut se plaire à ces jeux d’adresse lorsqu’ils touchent à des choses moins graves. Ils équivalent ici à une insupportable trahison : ils sont la mise en œuvre d’un dessein calculé pour faire dire à autrui ce qu’il n’a jamais soutenu, afin de le dénoncer comme un criminel. Nous n’étions pas accoutumés, et nous nous résignons mal à considérer Paul Claudel dans son nouveau rôle.

Paul Claudel est notre plus grand poète, très certainement, de l’heure présente ; il aura beau faire, il n’arrachera pas de notre cœur la reconnaissance éblouie que lui gardent ceux pour qui son œuvre a été, continue d’être, une révélation et un ravissement. Mais plus grande est sa gloire et plus miraculeux son rayonnement, plus aussi nous sommes exigeants pour cet homme qui nous a comblés. Or, il nous révèle aujourd’hui son drame.

Paul Claudel appartient, par les plus étroites attaches, à ce monde qui, précisément, vit de la misère qu’il engendre. Paul Claudel se met du côté de ceux qui meuvent cette formidable et monstrueuse machine à écraser les pauvres. Il est entré dans le jeu terrible.

Qu’un privilégié ait le goût de ses privilèges, quelle que soit leur iniquité, nous en prendrions mieux notre parti d’un autre que de ce chrétien. Et nous lui laisserions, sans les lui beaucoup contester, ses préférences obscures, s’il ne choisissait pour objet premier de son aversion ceux-là mêmes qu’il devrait surtout respecter. Mais ils lui sont intolérables parce qu’à les contempler seulement il se juge et qu’une conscience inquiète d’elle-même se réfugie, pour mieux s’aveugler, dans la haine de ce qui la condamne.

Il y a là, pour un catholique, une douleur et un scandale. Claudel a soin d’associer – quoique encore de manière oblique et prudente – le nom de Mauriac à celui de Maritain. Jacques Maritain, François Mauriac, et d’autres avec eux, défendent aujourd’hui une des positions du christianisme les plus menacées. Ce n’est pas trop de dire qu’ils contribuent, par leur seule existence, à en maintenir ou même à en sauver l’honneur.

Paul Claudel, qu’on a vu déjà acclamer Franco, qu’on voit aujourd’hui assaillir ceux qui dénoncent, à la suite de Léon XIII et de Pie XI, l’iniquité d’un système social dont il tire sa propre opulence, dénude à nos yeux les ravages que l’appétit des richesses peut exercer chez les meilleurs. Il ne mesure point, je pense, quelle illustration dramatique il apporte, par son exemple, à la sentence de ces Textes Saints dont il s’est fait le commentateur : qu’on ne peut servir à la fois deux maîtres, et qu’il faut choisir entre Dieu et Mammon.

La bonne fortune –  tableau de René Magritte 1945 – Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique – Bruxelles.

 

L’analyse du contexte

Quelques précisions sont nécessaires pour resituer les conditions dans lesquelles cet article, que notre ami Patrick Berthier a exhumé des archives de la Bibliothèque Nationale, a été écrit par Guillemin.

Nous sommes en 1939. André Gide, après bien des tergiversations, a fini par se rendre à l’invitation de François Mauriac à Malagar. Il faut distraire Gide, on le promène et Guillemin reçoit à déjeuner, rue Rosa Bonheur, à Bordeaux, François et son fils Claude en compagnie de leur hôte. On se plaît à rêver d’une aussi jolie tablée.

Mauriac et Gide ont été choqués par un article de Claudel paru dans Le Figaro dans lequel il s’en prend de manière virulante à Jacques Maritain auquel il reproche d’avoir écrit qu’un chrétien ne devrait pas avoir la conscience tranquille tant qu’il y aura encore un pauvre sur terre. Ferait mieux de s’occuper d’accomplir son devoir d’Etat, réplique Claudel, plutôt que de tenir des propos révolutionnaires.

Mais ni Mauriac ni Gide ne souhaitent se fâcher publiquement avec Claudel, Mauriac parce qu’il dit trop devoir à Claudel, Gide parce qu’il a peur que son soutien à Maritain fasse plus de mal à celui-ci que de bien.

François Mauriac et André Gide en 1939

 

Nonobstant ces réserves, il n’est pas possible de laisser Claudel, tout immense poète qu’il soit, dire de telles bêtises. La solution sur laquelle ils s’entendent tous les deux est de demander à Guillemin de rédiger un article – ils lui tiennent la main, dit Claude Mauriac ; sans doute, mais c’est Guillemin qui signe.

Le propos est ferme. Claudel par la violence et la mauvaise foi de son argumentation montre clairement quel est son camp – celui des capitalistes.
Ce ne sont pas ses émoluments d’ambassadeur qui font de Claudel un homme fortuné ; mais, en 1938, il a été nommé au conseil d’administration de la société des moteurs Gnome et Rhône.
Cette société fabrique des moteurs pour des mobylettes, ce qui n’est pas trop compromettant. On voit mal quelles compétences peut faire valoir Claudel pour occuper un tel poste – grassement rétribué – mais le président de Gnome et Rhône joue les mécènes. La chose est fréquente dans ce monde, aujourd’hui comme hier.

Evidemment, les choses se compliqueront, par la suite, du fait que cette société participera à l’effort de guerre allemand, pendant l’occupation, et passera des moteurs de mobylettes aux moteurs d’avion. Elle sera nationalisée en 1945 – elle s’appellera alors la SNECMA, puis par absorption de la SAGEM, elle deviendra SAFRAN. Mais c’est une autre histoire.

L’article paraîtra dans La Flèche, journal qui défendait la doctrine d’un Front commun contre le fascisme.

Cela aurait pu être une bien mauvaise entrée en matière lorsque, quelques années plus tard, Guillemin approchera Claudel et travaillera sur lui et avec lui (cf. leur correspondance qu’on trouve reproduite sur le site des éditions Utovie) ; mais il dut pousser un soupir de soulagement quand il comprit que Claudel ne l’avait pas lu.

Dernière remarque : si ses deux illustres complices lui soufflent quelques formules ou quelques idées, Guillemin a déjà une manière bien à lui de faire sentir son indignation devant les compromissions auxquelles un homme de la trempe de Claudel est prêt à se livrer quand il est question de ses intérêts d’argent et il ne supporte pas que l’on fasse servir le christianisme à la justification d’une politique d’extrême droite.

Note de Patrick Rödel.

Mammon in Rome – tableau de Alina Martiros, artiste canadienne (Toronto) née en Iran en 1960

 

Pour en savoir plus :

Il est possible de lire (avec de bonnes lunettes) l’article de Paul Claudel dans Le Figaro du 24/6/39, intitulé « Attendez que l’ivraie ait mûri », en cliquant ici  

On comprend la mise en cause et la vive réaction de Guillemin.
Il est difficile de rester froid et stoïque devant l’aplomb de Claudel dans le déni de la question sociale, de sa certitude pataude du bien fondé, pour lui naturel, de la domination des puissants et de l’asservissement du peuple. Il pense en effet, qu’il n’y a pas de Question sociale, seulement des questions sociales. Des ajustements techniques à réaliser de-ci, de-là afin que la société aille mieux.
Pour lui, les maux de la société sont le fait de « l’idéologie, la sentimentalité déréglées et la confiance aveugle dans ses propres forces et dans ses propres lumières que l’on trouve chez les livresques et chez les théoriciens »…. qui sont en lutte pour changer le monde.

 

Dernière minute : Radio France continue de diffuser du Guillemin

France Culture diffuse depuis le 9 septembre, dans le cadre de « Les Nuits de France Culture » une émission intitulée  : « Les historiens racontent : Henri Guillemin raconte l’Histoire : les 121 jours de Lamartine » ; une émission qui avait été diffusée la première fois le 14/09/86.

D’autres volets sont prévus avec Henri Guillemin sur Emile Zola et l’affaire Dreyfus.

L’émission dure 45 minutes et comme avec celle déjà rediffusée cet été, on ne voit pas le temps passer.

Pour l’écouter, et pourquoi pas la nuit, c’est  ici