Neveu d’Henri Guillemin, Patrick Rödel, philosophe et écrivain, fait ici le point sur ce que représente pour lui cet oncle parfois encombrant. Il ne s’agit ni d’un éloge complaisant, peu imaginable sous cette plume acérée, ni d’une démolition (d’autres s’en sont chargés !), mais de dire quel Guillemin il a connu : c’est ainsi que se succèdent de savoureux et malicieux souvenirs des vacances en famille, au ton très personnel, mais aussi des mises au point à la limite de l’irrévérence sur l’art avec lequel Guillemin a constitué peu à peu de sa vie, et de sa vie de famille, l’image qu’il voulait en laisser, et point une autre.
L’adolescent puis le jeune homme Rödel se constitue ici, entre respect affectueux et humour malin (ah ! Guillemin et ses fautes de latin !), en témoin privilégié de ce qu’on connaît toujours mal de la vie des hommes connus : leur vraie vie, justement.
On peut parier que, de là où il est, Guillemin ne peut guère en vouloir à ce neveu, qu’il remarquait à peine au temps de son enfance, d’avoir soumis ses comportements et ses propos à une analyse finalement très guilleminienne.