L’œuvre d’Henri Guillemin est très importante : plus de 70 ouvrages portant sur l’histoire littéraire, l’histoire politique, la question religieuse, les livres pour la jeunesse, comportant également des portraits et des essais ; des centaines de conférences données en France mais surtout en Belgique et en Suisse (disponibles sur ce site), des centaines d’articles…
Les livres présentés dans cette section concernent l’histoire littéraire.
Ils sont tous disponibles chez Utovie éditeur exclusif des œuvres d’Henri Guillemin.
Pour avoir abandonné l’écriture fictionnelle en 1948 (malgré de belles réussites dans ses Nouvelles et contes dont Fritz, paru en 1936), Henri Guillemin n’aura jamais, en revanche, cessé d’exercer ses éblouissants talents de critique littéraire.
La période 1937-1939 est à cet égard particulièrement riche avec sa collaboration hebdomadaire à La Bourse égyptienne, quotidien francophone du Caire…
Joseph Lemarchand, dit Jean Sulivan (1913-1980), prêtre, enseignant, aumônier d’étudiants, se tourne vers la littérature assez tard et atteint, au milieu des années 60, une notoriété due à la rudesse de son regard sur le monde et à la singularité poétique de son talent de prosateur.
On n’attend guère Guillemin sur le terrain de la philosophie. Ce livre sur Nietzsche est unique dans sa bibliographie. Ce qui l’intéresse, selon ses propres termes, ce n’est pas tant le contenu doctrinal de l’œuvre de Nietzsche que « le bonhomme en lui-même », l’itinéraire qui mène ce fils de pasteur luthérien à l’annonce prophétique de la mort de Dieu, cet homme malade et solitaire à être l’auteur du Gai savoir.
Publié en 1990 chez Arléa sous un titre plus explicite (Du courtisan à l’insurgé. Vallès et l’argent), ce petit essai vient tard dans la bibliographie des livres de Guillemin, mais cela faisait des décennies qu’il se passionnait pour Jules Vallès et pour « ce feu qui brûlait en lui »…
Paru chez Julliard en 1960, entré dans la collection de poche « 10/18 » en 1971, ce petit livre fut réédité par Utovie dès 1979, puis en 1997 et 2012, ce qui est un signe de son importance.
Hugo a voulu que tout ce qui était sorti de sa plume parvînt à la postérité, tout jusqu’à ses papiers intimes. Aussi Guillemin n’a-t-il eu qu’à puiser dans le fonds Hugo de la BnF pour bâtir l’essentiel de ce court essai dont…..
Après A vrai dire, Eclaircissements, Pas à Pas, voici un quatrième recueil d’études littéraires menées avec la même verve et la même recherche effrénée de la vérité.
Dans ce livre, Henri Guillemin se livre à une sorte d’auto analyse de sa longue carrière d’historien de la littérature. C’est à la fois un bilan, une réflexion sur ce que doit être, à ses yeux, un véritable historien, une justification pédagogique des raisons qui l’ont amené à mettre en lumière la face cachée des plus grandes figures de la littérature française….
Ce livre fait suite à A vrai dire. Nouvelle série d’études et de portraits critiques d’écrivains qui posent problème, à titre divers, à Henri Guillemin dans sa quête de la vérité…
Guillemin a d’abord étudié, dès 1937, l’itinéraire spirituel de Rousseau (étude publiée par Utovie en 2014 sous le titre «Jean-Jacques Rousseau ou la méprise extraordinaire ». Ensuite est venu un ouvrage sur ses relations avec les philosophes : « Cette affaire infernale » (1942).
Un homme, deux ombres (1943) est consacré à un épisode antérieur de sa vie, son séjour à Montmorency, dans le logis que Mme d’Épinay avait mis à sa disposition pour qu’il pût y travailler…
Cinq ans avant le Péguy de 1981 qui scandalisa tant les péguystes, ce Bernanos déplut également aux “spécialistes”.
Guillemin, qui avait un peu connu l’écrivain et correspondu avec lui, ne veut pourtant pas autre chose, selon ses propres mots, que « considérer la personne et le destin » de cet homme par certains côtés énigmatique…
Publié en 1964, ce volume est la réunion des préfaces rédigées par Guillemin pour les vingt volumes du célèbre cycle réédité à cette époque par Rencontre, à Lausanne.
Chacune comporte bien sûr une partie d’analyse de l’intrigue, mais surtout le préfacier, dans le fil de son récent Zola de 1960, cherche à dégager de la gangue de ces longs romans, dont seuls quelques-uns sont très célèbres, la figure humaine d’un auteur qu’il situe complètement à l’opposé du matérialiste et du « pornographe » stigmatisé par une large part de la critique du temps…
Victor Hugo a connu la douleur de perdre quatre de ses cinq enfants : Léopold à trois mois (1823), Léopoldine noyée à dix-huit ans (1843), Charles et François-Victor morts quadragénaires, en 1871 et 1873 ; quant à la benjamine, Adèle (le même prénom que sa mère), le vieux père l’a dite un jour « plus morte que les morts, hélas », comprenons : internée, folle.
Partie à trente ans au Canada se jeter à la tête d’Albert Pinson, lieutenant anglais rencontré à Jersey en 1854, elle se trouve confrontée à un viveur qui ne veut pas d’elle, la méprise, l’exploite financièrement et l’abandonne…
Ce recueil d’études de 1955 doit sa célébrité scandaleuse à la première d’entre elles, où Guillemin publie plusieurs « notes de police » envoyées aux autorités par Alfred de Vigny pour attirer leur attention sur des opposants susceptibles de troubler l’ordre public ; pourtant, le reste du volume donne à lire des documents inédits non politiques…
Ce volume regroupe deux livres brefs parus en 1946 et 1948 ; tous deux visent à jeter une lumière, à l’époque très neuve, sur Lamartine homme politique. Non, ce n’était pas, du moins plus depuis 1830, un poète « à nacelle » égaré dans les nuées ; c’était un observateur actif de la France moderne, animé de l’ambition d’en être un jour l’homme providentiel…
Cet essai, publié chez Plon début 1939, est le premier livre “libre” de Guillemin, après ses travaux d’universitaire sur Lamartine et parallèlement à son approche passionnée de Rousseau. À la fin de sa vie il jugeait ces pages « naïves ». Relues aujourd’hui, elles apparaissent au contraire d’une fraîcheur réjouissante.
Publié en 1942 par l’Université de Fribourg, ce livre regroupe plusieurs études menées par Henri Guillemin dans le fil de son travail de thèse sur Jocelyn ; elles forment le versant intime d’un diptyque dont l’autre panneau, plus directement politique, sera en 1946 Lamartine et la question sociale.
Avec Napoléon et George Sand (et Vigny dans une large mesure), Benjamin Constant est de ceux, finalement moins nombreux qu’on ne l’a dit, devant qui Guillemin a un réflexe de recul.
Dans l’avant-propos de ce livre de 1958, il parle de « ces réflexes que l’on a, viscéralement, devant les êtres, selon ce que leur abord, leur regard, leurs paroles et leurs gestes, nous révèlent d’eux-mêmes », et bien sûr ces réflexes peuvent être enthousiastes.
Dans le cas de Constant, non…
Inédit en volume jusqu’à 2014, ce texte de 1937 a été établi et annoté par Patrick Berthier. Il a été publié à l’origine en trois articles dans la revue dominicaine La Vie intellectuelle. Premier travail d’importance de Guillemin sur Rousseau, cette étude peut se lire comme une ébauche des livres qui ont suivi, en 1942 (Cette affaire infernale) et en 1943 (Un homme, deux ombres).Il s’agit en effet…
Cinq ans après Regards sur Bernanos, qui lui a valu les foudres des “chiens de garde” de l’écrivain, Guillemin récidive. Ce Péguy de 1981 marque sa rupture avec Gallimard ; à Bernard Pivot, qui a réussi, pour la première et unique fois à le faire venir à Apostrophes, et qui lui demande pourquoi ce livre paraît au Seuil, il révèle ce qu’on lui a répondu pour justifier son éviction : ….
« Les philosophes contre Jean-Jacques » : le sous-titre de ce livre de 1942 en dit l’axe. Pour Guillemin, le séjour malheureux de Rousseau chez son confrère écossais Hume, en 1766, marque le moment de son rejet définitif par Voltaire et ses suiveurs. Pourquoi ?
Henri Guillemin a bien connu Claudel ; mais il l’a aussi lu avec une admiration sans pareil. Et, dans cette étude consacrée à l’art d’écrire de Claudel, il nous propose une étude détaillée du style, de la technique et des intentions de celui qu’il considère comme un des plus grands poètes de langue française. C’est la première et l’unique fois où Guillemin se livre à cet exercice.
Rétablir la vérité est une des obsessions d’Henri Guillemin. Il s’y atèle dans le domaine de l’Histoire littéraire, en dénonçant un certain nombre de légendes qui ont la vie dure. Il le fait avec le luxe de détails qui caractérise son travail.
Vivement critiqué par les spécialistes de Chateaubriand lors de sa publication, au début de 1965, ce livre fait partie de ce qu’on pourrait appeler les « portraits rectifiés » de Guillemin.
Il ne lui passe rien, Henri Guillemin, à « la brave dame de Nohant ».
D’abord son style que Baudelaire, déjà, exécrait. Ensuite, sa « production littéraire fleuve » : plus de cent cinquante livres dont la presque totalité heureusement oubliée aujourd’hui. Et surtout pas d’avoir détruit Musset, d’avoir joué de lui, sciemment, cyniquement puis travesti, pour la prospérité, cette sombre histoire.
« La plus grande charité envers les morts, écrivait Mauriac dans sa Vie de Jean Racine, cest de les rapprocher de nous en leur faisant perdre la pose. »
Ils « posent », tous, ces grands hommes, presque involontairement, et nen sont pas moins grands.
Jai voulu tenter de mettre au clair les circonstances réelles de ce que Claudel tenait à appeler la « conversion » de son adolescence….
« Il était très secret », a-t-on dit du poète ; parole profonde et que confirment encore ces signes indéchiffrables, ces séries d’initiales mystérieuses que nul n’a pu traduire jusqu’ici, qu’on ne traduira jamais, et qui se lisent en tête de ses grands manuscrits. Une seule chose est sûre….
Cinquième recueil d’études critiques après A vrai dire (1956), Eclaircissements (1961), Pas à Pas (1969) et Précisions (1973).
« Vérités » ? Un gros mot. Je veux dire un mot imposant et presque solennel. Mais je me risque. Au fond, depuis ma thèse de doctorat, en 1936, sur Lamartine et sur Jocelyn – et c’est ce travail qui a tout déclenché en moi –, je me suis engagé sur une voie que j’ai suivie obstinément pendant plus d’un demi-siècle : rompre avec ce qui m’apparaissait comme évidemment erroné, et le remplacer par son contraire ; mettre le vrai à la place du faux. HG
C’est en 1950 qu’Henri Guillemin, désolé qu’on ne comprenne pas le caractère jovial et enjoué de Victor Hugo, publie une sorte d’anthologie des bons mots du poète.
On s’obstine à l’imaginer toujours grave et vaticinant, jouant au pontife ou au penseur. Combien de clichés devant les photographes, sur sa mine volontiers tragique ou l’attitude austère d’un homme devant les viscissitudes du monde.
A parcourir ce recueil de citations on se prend à sourire le plus souvent, voire rire parfois, devant les formules la plupart assez vachardes sinon assassines.
Cet éclairage rend Victor Hugo plus humain, plus à notre portée.