
« Gens de biens/Gens de rien »
Silence aux pauvres
Réalités contemporaines du capitalisme ultra libéral
Automne 2025
ECOLE NORMALE SUPÉRIEURE – 45, rue d’Ulm 75005 Paris
Salle Dussane
Le Programme
9h15 : Présentation et introduction. Les raisons et les objectifs du colloque.
Edouard Mangin Président de LAHG
Présentation introductive visant à replacer les travaux d’Henri Guillemin sur les rapports entre dominants et dominés dans leur perspective historique, afin d’expliciter sa vision des « Gens de biens/Gens de rien », son expression fétiche.
Cette séquence n’est pas encore déterminée. Elle est en cours d’étude et de finalisation, tant sur le contenu que sur la forme.
10h00 : L’inspiration ultra-libérale des politiques économiques : origines, applications, implications.
Michel CABANNES, Maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux.
L’approche doctrinale ultra-libérale, née dans les années 1930 et longtemps minoritaire, a inspiré les politiques économiques depuis près d’un demi-siècle en réaction à la crise des années 1970. Le primat de la logique du capital sur les compromis sociaux, aux effets destructeurs pour la société, rencontre des résistances que veulent vaincre les libertariens.
10h45 : A la marge du salariat. Lorsque les femmes de ménage se font entrepreneuses de leur précarité.
Camille PEUGNY, Sociologue, professeur à l’UVSQ (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).
Il s’agit de rendre compte de l’attrait qu’exerce le modèle de l’indépendance auprès de salariées précaires et qui les éloigne de toute possibilité d’action collective. Au-delà, j’évoquerai aussi la manière dont montent des formes d’individualisme et d’égoïsmes à tous les niveaux de la structure sociale.
11h30 : Contrôler les chômeurs pour atteindre le plein-emploi ? Genèse, usages et effets d’un mot d’ordre coercitif .
Luc SIGALO SANTOS, Maître de conférences en science politique, Aix-Marseille Université, LEST (Laboratoire d’Economie et de Sociologie du travail), associé au laboratoire Triangle.
Dans le débat public, les chômeur·ses sont régulièrement accusé·es de ne pas chercher d’emploi avec suffisamment d’ardeur.
Le contrôle de leur recherche d’emploi est présenté comme une solution à la fois juste, pour prévenir et corriger les « abus » face à un système de protection sociale réputé autant « généreux » qu’en « péril », mais aussi comme un moyen efficace d’atteindre le « plein emploi » et de lutter contre les pénuries de main d’œuvre. D’où vient ce contrôle ? Comment s’organise-t-il, et qui le met en oeuvre ? Pour quels effets ? C’est à ces questions que nous répondrons, sur la base d’une enquête de terrain conduite depuis 2020 sur France Travail, en remontant la chaîne hiérarchique des professionnels du contrôle jusqu’aux cabinets ministériels.
12h15: Modernisation managériale et atomisation des salariés.
Danièle LINHART, Sociologue du travail, directrice émérite de recherche au CNRS, membre du laboratoire GTM-CRESPPA (Genre, Travail, Mobilités / Centre de Recherches sociologiques et politiques de Paris)
La modernisation managériale repose sur la promotion de l’individu, de la personne au détriment de la professionnalité et du collectif. Elle crée une mise en concurrence des salariés entre eux (objectifs et primes individualisés) et une mise en concurrence de chacun avec lui-même car chacun est mis en demeure de se dépasser en permanence pour être en phase avec l’ADN de son entreprise.
13h00 – 14h30 : Pause déjeuner
14h30 : Le séparatisme des riches et la violence de classe.
Monique PINÇON-CHARLOT, Sociologue, ancienne Directrice de recherche au CNRS
Aujourd’hui, plus que jamais la déclaration de Warren Buffet, milliardaire américain, sur CNN en 2005, est d’une actualité malheureusement brûlante: « C’est une guerre de classe, mais c’est nous les riches qui la menons et qui sommes en train de la gagner. »
Les riches habitent dans les beaux quartiers dont ils ont le contrôle exclusif, ils mettent à l’abri leurs oeuvres d’art ou des biens précieux dans des ports francs en Suisse ou au Luxembourg, ils possèdent des îles, des Yachts et volent au-dessus de la terre dans des jets privés où tout n’est que luxe calme et volupté.
15h15 : La domesticité au fondement de la reproduction des ultra-riches.
Alizée DELPIERRE, Sociologue, chargée de recherche au CNRS rattachée au laboratoire Printemps à l’UVSQ (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
1/ ce que à quoi « sert » la domesticité : la distinction sociale mais aussi la reproduction des classes dominantes ; 2/ comment cette reproduction est dans les faits mise en oeuvre : par un mécanisme d’ « exploitation dorée » fondé sur la mise au travail illimitée mais au prix fort des domestiques. Je tiens juste à préciser que mes travaux ne tombent pas dans la caricature d’une exploitation totale des domestiques qui seraient nécessairement « écrasés » par les ultra-riches. Au contraire, je m’attache à montrer toute l’ambivalence des rapports de domination, dont tirent aussi profit les domestiques – c’est une réalité empirique, aucun relativisme dans cette analyse : je montre que les ultra-riches demeurent les gagnants, sur tous les plans, du rapport de domesticité.
16h00 : Face à l’oppression que constitue la fabrication de l’apolitisme, un réveil est-il possible ?
Caëla GILLESPIE, Professeure agrégée de philosophie, docteure en philosophie
Le nouveau régime fabrique une classe mondiale de super-riches. Il utilise la fabrication de l’apolitisme comme moyen de passivation. Son produit final est l’homme déclassé. Devant l’urgence de la situation politique mondiale, pourrons-nous sortir de l’inertie ? Un retour au politique est-il possible ?
16h45 : Pause
17h00 : Echange avec le public
18h30 : Fin du colloque