Gens de biens, gens de rien
A travers cette expression en forme de jeu de mot, qui constitue l’un des fils directeurs traversant l’ensemble de ses travaux, Henri Guillemin a toujours projeté une lumière crue et directe sur cet invariant historique : les rapports de classes, donc de force, entre les possédants, ceux qui ont des biens, une minorité, et ceux qui n’en ont pas ou très peu, la majorité. Il dénonçait aussi avec la même vigueur l’acharnement déployé par les classes dirigeantes pour sauvegarder et même accroître leurs richesses, utilisant pour cela un arsenal de stratagèmes, mensonges et compromissions dirigés contre le peuple pour le déposséder des moyens nécessaires permettant d’établir une justice sociale et politique légitime.
Cette dénonciation, Henri Guillemin la développa avec une singulière colère en 1989 au moment des festivités du Bicentenaire dans Silence aux pauvres ! Un libelle au titre clair et sans ambages. (Pour aller dans la bibliothèque, cliquer ici)
Avec cet ouvrage, Guillemin mit un bon coup de pied dans le consensus mou qui présidait alors aux festivités totalement inspirées par les écrits de l’historien alors en vogue, François Furet, auteur de Penser la Révolution française. Dans ce livre, en effet, Furet s’opposait frontalement à l’historiographie universitaire jusque-là ancrée à gauche, reposant entre autres sur les travaux d’Albert Mathiez, Georges Lefebvre, et Albert Soboul.
Sa thèse cherchait à montrer que la Révolution française n’était que la matrice des totalitarismes modernes. Dans le contexte géopolitique de la fin des années 1980 marqué par la chute de l’URSS et le triomphe du néo-libéralisme, Furet, ancien communiste, se coula avec une étonnante rapidité dans le moule de la pensée dominante, ce qui lui valut en retour gloire et célébrité ; l’élémentaire vérité historique passant au second plan ; une tactique toujours en vogue aujourd’hui.
Silence aux pauvres !, si Guillemin ne le nomme jamais, il cherchait clairement à démonter les thèses de Furet en s’opposant avec la plus grande vigueur au consensus contre-révolutionnaire de l’époque qui visait à faire passer la période emblématique 1792–1794 pour un malencontreux et déplorable dérapage.
Ainsi, fidèle à son indéfectible engagement, Guillemin contredisait les idées dominantes, à la fois médiatiquement et politiquement.
Qu’on en juge sur pièces et laissons la parole à Henri Guillemin.
Voici, ci-dessous la retranscription de son avant-propos. (Les références de pagination sont celles de l’édition Arléa)
J’avais pensé à Eloge des vaincus. Mais il fallait avoir lu mon petit texte pour comprendre ce titre-là : les vaincus ? Ceux que liquida le 9 thermidor, avec, en quarante-huit heures, la plus belle fiesta de la guillotine, plus de cent dix têtes coupées le 10 et le 11. Ceux qui avaient cru en la Révolution, en une révolution où non pas seulement seraient changées les structures, mais d’abord et avant tout serait modifié le regard de l’homme sur la vie, et l’emploi de ses jours. Immédiatement limpide, en revanche, ce titre : Silence aux pauvres !
Deux raisons m’ont comme poussé par les épaules pour me dicter ce…..quoi ? Dirai-je, à la cuistre, ce précis des événements qui se déroulèrent chez nous de 1789 à 1799, ce résumé didactique de la Révolution ?
Premier mobile : l’état violent d’ « insupportation » (ce néologisme est de Flaubert) que je dois à l’étalage tintamarresque et péremptoire d’une doctrine où la Révolution, d’une part, se dilue sur près d’un siècle, et d’autre part – c’est ça la grande trouvaille – dérape (tel est le mot-clé, le mot de passe, le label d’initiation), dérape, oui, très vite ; dès la Législative, le mal est fait ; autrement dit, la sagesse eût été un gouvernement à la Louis-Philippe. Et donc la République relève d’un dérapage. Pas mal, non, pour le Bicentenaire ? Original en tout cas.
L’autre mobile qui s’est emparé de mon stylo pour lui donner la fièvre, c’est l’affaire de la Propriété, dont je trouve qu’on l’oublie un peu trop dans les récits et commentaires usuels sur la Révolution. Ce qu’il faut savoir, et capitalement, c’est que, dès la réunion des Etats généraux, une grande peur s’est déclarée chez les honnêtes gens – formule, je crois bien, que nous devons à La Fayette ; honnêtes gens = gens de bien, gens qui ont du bien, des biens ; au vrai, les possédants, face à ceux que l’on va exclure du droit de vote et de la garde nationale, les non-possédants, les gens de rien.
Robespierre est un des rares – des très rares – révolutionnaires à souhaiter chez les exploités (des champs et des villes) une conscience-de-classe. Il n’y parvient pas. Trop tôt. Attendons l’expansion industrielle du siècle suivant et les concentrations de prolétaires.
En revanche, chez les gens de bien, elle est là, dès 89, la conscience-de-classe, vivante, je vous l’assure, lucide, effarée, agressive ; il n’est, pour s’en rendre compte à ravir, que de regarder et d’écouter madame de Staël, Sieyès, Barnave et cent mille autres. Et tout va se jouer sur ce sujet même, avec l’épouvante (croissante pendant plus de cinq ans) de ceux qui ont en présence de ceux qui n’ont pas, qui n’ont rien et qu’il s’agit à tout prix (et constamment) de surveiller et de contenir d’abord par le déploiement avertisseur de la force, le 14 juillet 1790, ensuite par son usage crépitant et persuasif, le 17 juillet 1791.
Les trois assemblées qui vont gouverner jusqu’au Directoire : l’Assemblée nationale, la Législative, la Convention, seront toutes les trois – la Convention aussi – composées de propriétaires.
La première, au lendemain des émeutes rurales de juillet 1789, aura soin de doter la Propriété d’un attribut inédit, renforcé, solennel. Et nous admirerons Danton, le jour même où la Convention tiendra sa première séance, apportant au soutien de la fortune acquise un adverbe inattendu, et grandiose (*). Odieux, intolérable, ce Robespierre qui ose, en avril 1793, proposer une limite officielle au droit de propriété. Il est fou ; un malfaiteur, un anarchiste.(**)
Enfin, les honnêtes gens vont respirer le 9 thermidor. Quelle délivrance ! Ne s’est-on pas risqué, au Comité de Salut public (automne 93), à intervenir dans l’ordre économique – établissement d’un maximum pour les prix des denrées – alors que le dogme des Girondins comportait une abstention rigoureuse, absolue, de l’État en ce domaine. C’est la Convention – eh oui ! Elle-même -, ayant repris son vrai visage et jeté le masque qu’elle s’imposait par effroi des robespierristes, qui va saluer d’acclamations Boissy d’Anglas énonçant, à la tribune, cette vérité fondamentale : « un pays gouverné par les propriétaires est dans l’ordre naturel ».
Imparfaite, insuffisante, la rectification thermidorienne. Le principe républicain subsiste, redoutable en soi quant à l’essentiel. Brumaire fermera la parenthèse sinistre ouverte par le 10 août 92 et le suffrage universel. Plus d’élections du tout, ni de République, mais le bonheur, la béatitude reconquis par Necker et ses amis banquiers.
A la niche, une bonne fois, les gens de rien.
(*) Ce passage est explicité page 90 :
« La Convention a tenu sa première séance le 21 septembre, et Danton prononce un discours où figurent les mots-clés qu’exige le moment : « Peuple français, sois rassuré ! Voici la République. Tu n’as que des bienfaits à attendre d’elle, et quant aux propriétés, quelles qu’elles soient, elles seront éternellement respectées, protégées ». Cet adverbe est inusuel dans la langue juridique. Mais, pour l’apaisement des esprits au lendemain d’une aventure pareille à celle du 10 août, rien ne saurait être excessif dans la solennité des promesses concernant la fortune acquise, sa liberté d’accroissement et sa pleine sécurité. »
(**) Ce passage est détaillé page 99 :
« En ce même mois d’avril 93, Robespierre horrifie les honnêtes gens en réclamant, dans la nouvelle Déclaration des droits de l’Homme, l’insertion d’un article qui limiterait le droit de propriété. L’argumentation de Maximilien est toute simple : vous n’avez pas aboli l’esclavage dans nos colonies, la traite des Noirs subsiste ; demandez à un négrier ce qu’est ce bateau (« je me trompe, disait Robespierre, ce cercueil flottant ») dans lequel sont entassés des hommes, des femmes et des enfants à la peau noire et dont beaucoup meurent en route, il vous répondra calmement : « Ceci est ma propriété ». Eh non ! Nul homme ne saurait être propriétaire d’un autre homme. De même que la liberté a pour limite la liberté d’autrui, de même il faut que la loi interdise tout usage du droit de propriété qui porterait atteinte à la vie ou à la dignité d’êtres humains.
Robespierre a touché à l’Arche, l’arche sainte, cette Propriété devenue sacrée depuis le 26 août 1789. Il a commis le crime que la Convention ne peut tolérer ; elle décidera donc, contre lui, que l’article concernant la propriété sera rédigé – voté – comme suit : « Le droit de propriété est celui de jouir et de disposer à son gré de ses biens ». A la bonne heure. »
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En 2024, les choses ont-elles fondamentalement changé ? Un tour d’horizon sur la situation d’aujourd’hui donne immédiatement la réponse.
C’est pourquoi, à la suite d’Henri Guillemin, il est naturel de se demander quels sont les nouveaux visages de ces gens de biens. On sait qu’ils participent d’un système transnational, financier, ultra minoritaire et pour autant déterminant. Mais qui sont-ils, où sont-ils en réalité. Quelle est l’histoire de leur domination, comment opèrent-ils ?
De même, il est pareillement légitime de connaître les nouveaux mécanismes d’asservissement subis par les gens de rien ou de peu. L’appauvrissement n’opère pas seulement sur le plan salarial. Il travaille aussi en profondeur les domaines intellectuels, culturels, éducatifs, professionnels, sociaux, politiques, et touche aussi bien la santé, la représentation démocratique que les medias. Quelle est la réalité de cette inégalité généralisée ? Comment fonctionne le Silence aux pauvres en 2024 ?
Ces questions forment le thème central de notre prochain colloque prévu à l’automne 2025.
Il s’agit d’un important sujet de pleine actualité, dont les domaines d’investigation sont très vastes, riches et nombreux. Nous y travaillons d’arrache-neurones et ne manquerons pas de vous informer de l’avancée de nos travaux.
Complément n° 1
Au delà du 14 juillet, parler de la Révolution, impose de rappeler deux autres ouvrages importants d’Henri Guillemin.
Le premier, incontournable, s’intitule 1789-1792 / 1792-1794 : Les deux Révolutions françaises. Indispensable complément à Silence aux pauvres, il s’agit des textes d’une série de conférences données à la Radiotélévision belge en 1967.
Pour Henri Guillemin, en 1789, on assiste à une révolution des gens de bien, qui doit permettre à la bourgeoisie d’affaires d’accéder au pouvoir, quitte à le partager avec l’aristocratie dans le respect d’un certain ordre social. La vraie Révolution, populaire, qui se préoccupe réellement des classes pauvres, du Quart Etat, restait à venir. Elle aura vécu de 1792 à 1794 et sera liquidée avec la mort de Robespierre. C’est donc de ces deux Révolutions françaises que traite ici Henri Guillemin, en bousculant singulièrement les idées reçues. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Le deuxième, tout aussi essentiel est Robespierre politique et mystique. Pour en savoir plus, cliquez ici
En continuant avec Robespierre, le premier et le plus jeune Homme d’État que la France ait connu, le troisième ouvrage que nous proposons est Robespierre et la république sociale d’Albert Matthiez.
Il s’agit d’un recueil présenté par Yannick Bosc et Florence Gauthier, historiens, spécialistes de la Révolution française.
Albert Mathiez demeure un des plus grands historiens de la Révolution française. Son œuvre, fondée sur une vaste connaissance des archives et une grande perspicacité d’analyse a profondément renouvelé la compréhension de la Révolution. De par ces qualités, ses écrits ont traversé les décennies et demeurent des lectures importantes pour comprendre cette période de bouleversements majeurs.
Dans ce livre, les historiens Florence Gauthier et Yannick Bosc ont réuni et présentent les textes de Mathiez sur Robespierre. Alliant une passion communicative pour l’histoire à une méthode rigoureuse, ces textes forment une biographie politique de Robespierre qui nous plonge, au fil des événements, au cœur de l’action et des réflexions de l’Incorruptible.
Détricotant les légendes noires, Mathiez s’attache à l’étude des sources et met en lumière la proximité de Robespierre avec le mouvement des Sans-culottes, moteur de la Révolution. Porteurs d’une véritable politique sociale, privilégiant le pouvoir législatif contre l’exécutif, le droit à l’existence contre la propriété privée, Robespierre et ses amis de la Montagne ne concevaient la république que démocratique et sociale.
Et terminons par le rappel de notre colloque Colloque Henri Guillemin et la Révolution française, le moment Robespierre le 26 octobre 2013 dont les vidéos des interventions (dont celles de Florence Gauthier et Yannick Bosc) sont toujours disponibles sur notre site (en cliquant ici) et dont les actes sont toujours en vente (cliquez là)
Complément n° 2
Parmi les nombreux acteurs de la pensée critique et les multiples vecteurs d’informations alternatives, hors du courant mainstream, Olivier Berruyer est une personne connue pour l’exemplarité du site d’information géopolitique Les crises, qu’il a créé en 2011. De formation en économie financière, il est aussi et surtout un très grand admirateur d’Henri Guillemin.
Le 4 mai 2012, pour célébrer les 30 ans de la disparition d’Henri Guillemin, Olivier Berruyer lui rendait hommage en mettant en ligne les 15 conférences vidéo sur la Révolution française.
Une heureuse initiative quand on sait que ces vidéos ne sont pas facilement disponibles sur le Net, du moins dans l’ordre chronologique de leur parution et de bonne qualité technique.
Pour les écouter et regarder Guillemin, cliquez ici.
Le refus de se laisser monter sur la cervelle
Expression d’Henri Guillemin, titre d’un article publié dans La Tribune de Genève le 16 octobre 1968. Article repris dans le recueil : De l’Histoire et de la Littérature – sélection d’articles 1964-1974 Edité chez Utovie (pour en savoir plus, cliquez ici)
Ce 14 juillet correspond aussi aussi pour nous à une suspension temporaire de nos travaux pour raisons estivales. Qui dit vacances, dit plus grande disponibilité, nouvelles curiosités, état d’esprit différent. Comme l’année dernière, cette rubrique propose un choix d’ouvrages qui nous ont semblé utiles, enrichissants, ou encore dépaysants ; en tous cas, éligibles au bonheur de lecture.
Il fallait bien choisir, trier, prioriser, alors voici notre sélection.
Il est très rare de réussir à traiter un sujet politique, voire géopolitique en littérature, celle de haute qualité romanesque, ouvrant plein large sur l’imaginaire, tout en exploitant les trésors du vocabulaire et de la syntaxe. C’est la réussite de l’écrivain autrichien Robert Ménasse avec deux ouvrages formant les deux premiers volets d’un prochain triptyque.
Dans La capitale, le lecteur est entraîné au coeur de la commission de Bruxelles, dépeinte de façon hallucinante, satirique, politique, à travers plusieurs destinées et différents complots et intrigues qui vont se croiser, se heurter et dévoiler les coulisses de cette bureaucratie kafkaïenne.
Dans L’élargissement, sur le même ton sarcastique et d’humour noir, on est embarqué dans une épopée burlesque, façon parfois grand guignol, une traversée d’intrigues en tout genre : l’entrée de l’Albanie dans l’UE. Le talent de Ménasse est d’arriver à nous convaincre que ce qu’il décrit a toutes les chances d’être vrai et de se réaliser. Impossible de poser le bouquin.
Emmanuel Todd est connu. Ses ouvrages également. Mais avec son dernier opus, La défaite de l’Occident, il pulvérise avec une certaine jubilation (on sent à la lecture que c’est lui qui a écrit et non un stagiaire, et on ressent très bien son plaisir), tout le fatras des idées reçues et autres contrevérités, voire absurdités, actuellement diffusées au sujet de la Russie, de l’Europe, des Etats-Unis et du conflit en Ukraine. A sa façon, en démographe, il tord aussi fortement le cou aux récits d’enfumage que Guillemin l’a fait en Histoire littéraire et politique.
Parce que La Commune fait partie de nos travaux, parce que Guillemin l’a admirablement traitée dans sa série de conférences vidéo, parce qu’on pense à l’ami qui a travaillé cette période historique avec une passion « guilleminienne » durant toute sa vie, parce qu’on a aimé, on propose :
Souvenirs d’une morte vivante: Une femme dans la commune de 1871 de Victorine Brocher.
Publié en 1909, ce texte de Victorine Brocher (1839-1921) est l’un des rares et forts témoignages de femme du peuple, issue d’une famille militante, ayant traversé les insurrections de 1848 et de 1871. Ambulancière pendant la Commune, elle relate en une langue simple des événements vécus dans sa chair : le Second Empire, le siège de Paris, les privations, la mort de ses enfants, les espoirs nés avec la République sociale, la Semaine sanglante, l’exil et la survie enfin.
C’est exactement le genre d’ouvrage qui émeut, secoue et laisse intranquille car on sait que cette vie est actuellement vécue par des millions de personnes.
Et si nous passions à la fiction.
Les éditions Gallmeister ont eu la géniale idée de rééditer Nuit mère de l’écrivain américain Kurt Vonnegut. Méconnu en Europe, et tout particulièrement en France, Kurt Vonnegut est un auteur inclassable, iconoclaste, à l’humour noir ravageur. D’une très grande richesse romanesque, ses romans dressent un portrait sans concession de l’Amérique. On pourrait dire que sa vie est un roman. En tout cas, la seconde guerre mondiale l’aura marqué à jamais et déterminé son style inclassable.
Le 14 décembre 1944, durant la bataille des Ardennes, il se perd derrière les lignes allemandes et est fait prisonnier. En février 1945, il travaille à Dresde comme prisonnier quand, du 13 au 15 février, la ville est sauvagement bombardée au phosphore par les Anglais (10 000 tonnes de bombes), créant une fournaise plus forte que celle d’Hiroshima. Enfoui dans un abattoir, il en réchappe avec six autres prisonniers. Cette tranche de vie sera le sujet de son célèbre roman Abattoir 5 ou la Croisade des enfants.
« Je suis américain de naissance, nazi de réputation et apatride par inclination. » Ainsi commence Nuit mère, histoire d’un américain travaillant en Allemagne sous le 3eme Reich à la radio pour la propagande et qui attend d’être jugé pour crimes de guerre dans une cellule de Jérusalem. Il clame son innocence car il était en fait un agent infiltré chez les nazis au service des Alliés. Et personne ne le croit. Histoire caustique, pleine de vérités tragiques sur la guerre, balancées avec un humour noir corrosif.
La cloche de détresse de Sylvia Plath
Un des rares romans de la célèbre poétesse américaine. D’inspiration fortement autobiographique, l’histoire raconte l’errance d’une jeune de fille Esther Greenwood, dix-neuf ans, dans le New York des années 50. En réalité, il s’agit de la première dépression de Sylvia Plath qui raconte avec une extrême sensibilité sa vie, son enfance, son adolescence d’étudiante américaine, ses amours et ses déceptions. C’est aussi une peinture de l’Amérique sous Eisenhower, coincée et puritaine, montrant de façon à la fois douce et imparable, la position sociale de la femme dans le système patriarcal de l’époque.
Hollywood, années rouges de Maurice Nikos
Un thriller ? Non. Un polar ? Peut-être. Disons un roman policier politique et historique.
Harvey est scénariste, en partance pour Hollywood. Seul hic : il est communiste. Et en 1951, la chasse aux sorcières bat son plein. Le héros s’en aperçoit vite, lui qui retrouve à Los Angeles son frère, scénariste à succès qui se sent épié. Devenu détective amateur, il est mêlé à une intrigue où gravitent un psy affilié au FBI, des militants délateurs… et Sue dont il s’entichera au cours d’une éducation sentimentale et politique. La façon dont l’auteur nous entraîne dans les USA des années 50 tient du tour de force, à travers une galerie de personnages hauts en couleur et par un style aussi comique que trépidant.
On peut constater, avec Sylvia Plath, et Kurt Vonnegut que décidemment, l’Amérique d’après-guerre était très étrangère à la représentation idyllique que s’en sont fait les Européens jusqu’à aujourd’hui.
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Nos travaux s’arrêtent aujourd’hui pour reprendre en septembre. Nous parlerons alors du prochain colloque et des autres sujets que Les Amis d’Henri Guillemin ont a coeur d’évoquer.
D’ici-là, nous vous souhaitons les vacances les plus agréables possibles et de très bons moments de lecture.
A bientôt.
L’équipe de LAHG
Une réponse sur « 14 juillet 1789 : leçons d’Histoire »
Très bien vu, tout ça, cher Edouard, au-delà de la mythologie du 14 juillet lui-même, nous sommes bien d’accord.
En ce qui concerne Furet j’avais eu un écho comme quoi dans la première version de son Silence aux pauvres, HG faisait, en exergue, explicitement référence à cet historien de pacotille… mais pas moyen de remettre la main sur cette toute première version ! Si un(e) ami’e) d’Hg peut m’aider, ce sera le bienvenu.
Persuadé de longue date de la qualité du travail de Gallmeister, tu me me confirmes dans cette opinion et je vais aller voir de plus près l’ouvrage que tu as recensé.
Salut fraternel, bises à Karine, et bon repos d’été !