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Colloque 2025, les jours d’après

Gens heureux en foule malgré la pluie ; @gettyimages.

Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux
Étienne de La Boétie

Ils ont les millions, nous sommes des millions
Paroles des manifestations contemporaines

Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Rien ne m’est sûr que la chose incertaine.
François Villon

Ne pas se laisser monter sur la cervelle
Henri Guillemin

La réalité n’est pas un obstacle
Laszlo Krasznahorkai, prix Nobel de littérature 2025

Il y a des jours comme çà,
Oui, il y a des jours comme çà dans la vie.
Il y a des jours où tout s’ordonne bien, bien comme il faut, où tout s’arrange pour créer une harmonie.
Le travail, la conviction, les intelligences. Bref, le bonheur qui devrait toujours être.

Oui il y a des jours comme çà, des jours heureux.
Ces jours sont rares mais ils ont lieu.
Il faut les retenir, s’en souvenir, et les reproduire pour des avenirs.

C’est ce genre de jour qui illumina la journée du 8 novembre, cette journée où se déroula le colloque au titre emblématique : « Gens de biens/Gens de rien » ; Réalités contemporaines du capitalisme ultralibéral.

Cette journée fut un moment historique plein à ras bord d’une immense émotion collective, d’un bonheur partagé, si intense et si rare, que l’émotion reste encore la Reine en ces lendemains, ces surlendemains, ces jours d’après.
Car, il faut bien le constater, cette Reine va rester encore et encore dans les coeurs et les esprits, tellement ce qui se passa lors de colloque fut intense.

Cette émotion collective, quelle est elle ? D’où vient elle ?
Tout simplement de la réunion joyeuse de participants d’origine éparse ayant constaté, in situ, que leurs interrogations, réflexions, leurs visions, leurs ressentis et surtout leurs critiques du monde ultralibéral, étaient pleinement partagés par tous les autres participants présents.
Le colloque fut une sorte de communion de pensées, d’affects, et d’enrichissement intellectuel. Une énergie, une force pour continuer à lutter.

Cette émotion a rempli la salle Dussane à travers les interrogations communes sur la marche du monde, ces questions qui laissent chacun intranquille dans son coin avec, pour y voir clair, les moyens comme on peut, toutes ces questions qu’on se pose tous, toutes ces interrogations qui nous taraudent : « Pourquoi subissons-nous ce monde que nous n’avons pas choisi ? ».
Ces interrogations ont trouvé des réponses utiles à travers les différents exposés des intervenants et intervenantes, grâce à leurs lumières, leurs connaissances et pour certaines, grâce au récit de leur émouvant parcours professionnel, totalement engagé sur une vie entière, dans cette guerre de classes, aussi guerre des idées.

Une journée très dense, réunissant 9 intervenantes et intervenants, totalement investis dans leur travaux, que nous remercions une nouvelle fois pour avoir accepté de venir transmettre leurs connaissances, d’avoir soutenu l’engagement de LAHG qui, ce jour-là fêtait ses dix ans d’existence.

C’est tout cela qui explique le plaisir collectif, la joie partagée par l’ensemble du public, participants et intervenants confondus : avoir été rassuré de n’être pas isolé, de vivre et de constater que d’autres personnnes pensaient les mêmes choses.
Et qu’il fallait absolument se doter d’un kit d’autodéfense intellectuelle, pour ne pas se laisser monter sur la cervelle pour reprendre cette si lumineuse expression d’Henri Guillemin.

Le refus de se laisser monter sur la cervelle.

Nous garderons comme beau souvenir l’émotion du public regardant notre montage vidéo des extraits des conférences d’Henri Guillemin parlant des Gens de biens, dénonçant leur permanente forfaiture ; Henri Guillemin parlant des Gens de rien, de la lumière des petites gens, du peuple, à savoir nous-mêmes, avec cette intensité si forte qu’elle fit venir les larmes aux yeux chez certaines personnes qui le découvrait à cette occasion.
Les applaudissements à la fin du film se passent de commentaires.

Le colloque a rassemblé 92 personnes toutes catégories confondues : public, intervenants, organisateurs.
9 intervenants, 6 organisateurs, 77 participants ventilés entre 70 places vendues par internet en amont du colloque et 7 personnes arrivées le jour J.
Le soir même nous avons adressé un petit questionnaire d’évaluation à tous les participants dont nous disposions des adresses mel. Il a été diffusé à 54 personnes (et non pas 70 : en effet, certains achats ont été effectués en groupe : famille, camarades, amis ; plusieurs places achetées via le même nom d’inscription).

A ces 54 demandes, nous avons reçu 22 réponses.

Le questionaire posait quatre questions :
1/ Qu’avez vous ressenti à ce colloque ? Emotions, sentiments, affects
2/ Qu’en avez vous pensé ? Idées, utilité, découvertes, intellect
3/ Qu’est ce que ce colloque vous a donné envie de faire ?
4/ Vos suggestions pour les thèmes de nos futurs colloques

Chacun comprendra que nous ne pouvons pas présenter les 22 réponses dans leur intégralité. Ce sont toujours de longs messages, pleins de joie, d’enthousiasme et de remerciements.
Petit échantillon.

Les réponses à la première question sont unanimes : une immense satisfaction.

Plaisir de se retrouver entre amis de Henri Guillemin, au sein de la prestigieuse ENS (Pierre P.).

Guillemin, toujours d’actualité en 2025, voilà qui lui aurait fait grand plaisir ! Pour moi qui l’ai rencontré à plusieurs reprise à Valenciennes dans les années 70/80, c’est plus qu’une reconnaissance qui ne me surprend pas. C’est cela d’abord mon émotion ce 8 novembre. (Claude L.).

Se retrouver pour résister (Emmanuel P.).

C’est, tout d’abord, une joie que de ne pas se savoir seul.e à penser ce que, « nous autres », nous pensons. (Pierre G.).

J’assiste depuis quelques années aux colloques de l’association car j’ai travaillé et connaissais bien Philippe Guillemin fils d’Henri et parce que j’ai toujours été sensible aux idées de ce dernier. Le colloque du 8 novembre a été pour moi d’une très grande richesse avec la participation de chercheurs plus jeunes dont l’apport est précieux, très branché sur l’actualité. (Pierre U.)

Les réponses à la deuxième question sont riches et convergentes : une même satisfaction.

Personnellement, je trouve indispensable de s’alimenter de connaissances, dans des lieux, des moments de réflexion et de partages autres que la voie médiatique officielle …/… Ceci dit, j’ai beaucoup apprécié l’entrée en matière à l’occasion des dix ans de l’association. C’était un excellent résumé. (Jocelyne et Pierre M.).

Un tel colloque est indispensable et doit être diffusé le plus largement possible, partagé, faire l’objet de publications. Contribuer au réveil des consciences. (Cathy M.).

Depuis mon quotidien des Hauts de France, d’enseignante en lycée et engagée associative, que du bien ! Ce genre de nourriture intellectuelle, morale et affective me semble vitale pour des personnes de même profil que moi, éloignées géographiquement et sociologiquement de ces sources de savoir (Anne J.).

Les réponses à la troisième question se concentrent sur ces mots : résister, continuer à s’enrichir, transmettre aux jeunes générations, appréhender les problématiques d’aujourd’hui, travailler les questions contemporaines.

Ce colloque m’a donné envie de continuer à penser qu’une méthodologie des sciences humaines et sociales plus inclusive et plus collective reste possible. Il m’a aussi donné envie de lire certains ouvrages des intervenant.es qui paraissent fort intéressants. J’ai eu envie de vivre à la campagne avant que cette dernière devienne inhabitable ou privatisée et aussi de devenir majordome d’une famille aristocratique pendant quelque temps pour coffrer de la moula.
Plus sérieusement, il m’a donné envie de m’engager dans une lutte plus concrète contre le libéralisme et ses dérives autoritaires.
(Lucas M.).

L’historique rappelé par le professeur de Bordeaux m’a permis de prendre conscience de la construction et la réflexion très ancienne qui ont présidé à la naissance et au déploiement de ce système. Je ne vois pas aujourd’hui quelle pourrait être l’organisation capable de penser et mettre en oeuvre un système susceptible de le remplacer voire même de s’y opposer. J’ai 86 ans. Militer dans un parti comme je le fis naguère me semble vain. J’ai l’intention de faire connaître ces idées, ces travaux à mes enfants et petits-enfants. (Jacques S.)

Quant aux suggestions pour des thèmes de colloques futurs, les réponses peuvent se résumer à : continuer et même approfondir ce qui est entrepris par LAHG depuis 10 ans.
Ci-dessous , un choix parmi les réponses les plus évidentes et les plus stimulantes.

Henri Guillemin a largement contribué à bouleverser l’histoire officielle et à relever les ‘idées fausses’ du ‘roman national’. Bien qu’il ait peu écrit sur la colonisation, je pense qu’il serait intéressant d’organiser un colloque autour de ce thème (Yves D.).

Continuer à s’appuyer sur la clairvoyance des écrits et conférences d’Henri Guillemin pour éclairer les faits de l’histoire contemporaine afin « de ne pas se laisser monter sur la cervelle » par toutes sortes de diversions et mirages, au point de ne défendre que leurs intérêts actuels au détriment de leurs intérêts futurs, naturellement liés à ceux du grand nombre. Donc choisir une autre œuvre de Henri Guillemin dont les thèmes sont extrapolables vers notre actualité. (Pierre P.).

Tout ce qui relève de l’évolution de notre société. En quoi est-elle la continuation de l’Histoire analysée par Henri Guillemin. (Claude L.).

« Les résistances collectives contemporaines ». Il serait intéressant de se pencher sur des actions collectives concrètes menées pour résister au capitalisme, notamment les marginaux. (Emmanuel P.).

Il serait super intéressant de proposer une colloque autour des victoires et des résistances face aux inégalités sociales. De découvrir des modèles qui fonctionnent ou qui au moins, essaient de s’extirper de la domination ultralibérale. (Lucas M.).

Je pense qu’il faut développer des idées en pratique pour lutter contre ce néo libéralisme et la lutte des classes. Je pense à  » comment reconstruire du collectif » ? Comment faire revenir dans la citoyenneté ? Comment dépasser les peurs et les clivages pour lutter ensemble ?
Il y a aussi un sujet qui me tient à cœur c’est la propagande des médias qui sont détenus par les milliardaires et des radios et chaînes de télé publiques qui fait son œuvre dans la société(et dans mon entourage). Comment se réapproprier l’information et lutter intellectuellement contre ce déversement nauséeux ? Vous êtes une belle découverte et je vous remercie de bien vouloir me tenir informée de vos projets.
(Nathalie G.).

Pour les prochains colloques j’apprécierai de rester dans le concret et le présent toujours en résonance avec la pensée d’Henri Guillemin bien sûr. (Nadine D.).

Je me pencherai sur les débuts de l’UE comme projet du néolibéralisme. Les influences de W. Lippmann sur Jean Monnet. (Rita M. H.).

Pour terminer, voici l’intégralité de la 22ème réponse reçue hier signée de Sylvie M.
A elle toute seule, elle résume tout.

Comme tous nos colloques précédents, celui ci a été filmé. Nous diffuserons, via nos newsletters habituelles, les vidéos de chacune des interventions, dans l’ordre chronologique du déroulement du colloque.
La première vidéo, composée de trois parties : introduction du président de LAHG, montage vidéo des extraits des conférences d’Henri Guillemin sur le thème du colloque et exposé de Jean-Marc Carité, directeur des éditions Utovie, sera mise en ligne le 15 janvier 2026.

…. cette lettre des jours d’après, lendemains et surlendemains, voici des images qui, nous l’espérons, procureront l’énergie pour continuer d’aller de l’avant, malgré toutes les inquiétudes.
Les gens de peu, ces terriens, les peuples, ce qui doit toujours les caractériser en premier, n’est ce pas leur nombre ; leur emphatie – amour -amitié – fraternité ; leurs créations – grâce et beauté ; la jeunesse ?
Et l’espoir.

Gaïa vue de Séléné
Ils ont les millions, nous sommes des millions. Manifestation d’appui aux étudiants parisiens, en marge des événements de mai 68, en France.
PHOTO: Getty Images / Agence France Presse


Empathie ; amour, amitié, fraternité ; Bal patriotique – Une journée de musique et de danse sur la Canebière
La grâce, la beauté. « Dance in Lyon » quand la danse s’empare de la ville. © Yanis Ourabah
La jeunesse. La grande fêtes des enfants ; Cité des Sciences et de l’Industrie ; décembre 2024. Bazar Musical. © EPPDCSI – E. Laurent.
Les papillons de l’espoir. Ici, une nuée de Morpho Didius Tingomariensis laché par un célèbre dompteur de papillons.

A bientôt.

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Colloque 2025 Compte à rebours J – 6

Photo montage LAHG. Caricature des trois ordres imprimée en 1789 / Couverture du livre éducatif en 2024 de Equipo Plantel et Joan Negrescolor, Ed. Rue de l’échiquer.

… samedi 8 novembre, se tiendra le colloque sur le thème : « Gens de biens/Gens de rien – Silence aux pauvres ! – Réalités contemporaines du capitalisme ultralibéral »

Dans cette dernière ligne droite, voici quelques informations pratiques à connaître.

● Le colloque s’ouvrira à 9h15 et se terminera à 18h30.
Pour prendre connaissance du déroulement détaillé de la journée, il suffit de lire le programme en cliquant ici.

● Pour assister au colloque, il convient de s’inscrire par Internet via un site sécurisé, spécifiquement dédié à ce type d’événement en cliquant ici
Cliquez ensuite sur le bouton Billeterie et suivre les étapes de la procédure. C’est très simple.
La clôture des inscriptions par Internet est fixée au 6 novembre à 18h00. 
Il est possible de venir et s’acquitter de sa participation le jour même. Dans cas, merci de prévoir l’appoint de 12 € ou de régler par chèque. Nous ne prenons pas (encore) les cartes bancaires.

● Le colloque a lieu dans la salle Dussane de l’ENS.

● L’entrée à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) s’effectue par le sas de contrôle situé au 45 rue d’Ulm 75005 Paris.
Une fois entré dans le sas de contrôle, vous devrez inscrire votre nom et prénom, date et heure d’arrivée et motif de visite.
Comme motif de visite, indiquez « Colloque LAHG« 

● Une fois entré dans le hall du bâtiment principal, vous prendrez le long couloir à gauche jusqu’au bout, là où se situe la salle Dussane.
A l’entrée de la salle sera installé notre accueil : liste d’émargement, remise du programme du colloque, remise d’une documentation des éditions Utovie, éditeur exclusif des ouvrages de Henri Guillemin, réponse à vos demandes de renseignements.

● La journée se compose de plusieurs parties :
◊ Matinée consacrée aux Gens de rien, les travailleurs, le monde du travail
◊ Pause déjeuner de 13h00 à 14h30 : différents restaurants se trouvent au début de la rue d’Ulm et dans la rue Claude Bernard.
◊ Après-midi consacré aux Gens de biens, l’hyper classe oligarchique transnationale
◊ Pause
◊ Echange avec le public : les intervenants répondent à vos questions.

● Pour toutes demandes d’informations, merci d’écrire à administration@henriguillemin.org. Nous vous répondrons aussitôt.

Salle Dussane

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Colloque 2025 – Interview exclusive de Alizée Delpierre

Avec Alizée Delpierre nous terminons aujourd’hui notre série d’interviews. Le colloque se tiendra le 8 novembre prochain, dans18 jours exactement. Nous sommes dans la dernière ligne droite.

L’intervention au colloque de Alizée Delpierre aura lieu l’après-midi. Il s’agit de la troisième et avant-dernière analyse critique concernant la classe sociale des hypers riches.
Elle s’intitule : La domesticité au fondement de la reproduction des ultra-riches.

A l’occasion de cette fin de cycle d’interviews, rappelons les précédentes.

La matinée est consacrée aux Gens de rien ou de peu, à travers quatre exposés dont les intervenants ont été précédemment interviewés :

Michel Cabannes le 19 mai. Pour relire l’interview, cliquez ici
Luc Sigalo Santos le 9 juinCliquez ici
Danièle Linhart le 11 juilletCliquez ici
Nicolas Roux le 9 septembreCliquez ici

L’après-midi est centré sur l’étude des Gens de biens, aujourd’hui dénommés classe des hyper riches, dont les intervenants ont été précédemment interviewés :

Monique Pinçon-Charlot. Pour relire son interviewcliquez ici
Caëla Gillespie le 7 octobre. Cliquez ici
Aujourd’hui : Alizée Delpierre.
(NB. Dany-Robert Dufour ouvre l’après-midi consacrée aux hyper riches. La promotion de son dernier ouvrage Sadique époque, sur lequel il s’appuiera au colloque, n’a pas permis de dégager le temps nécessaire pour cet exercice. Pour découvrir son dernier ouvrage, cliquez ici)

Alizée Delpierre est sociologue, chercheuse au CNRS, au laboratoire Printemps (UVSQ/CNRS), spécialiste des domesticités, de l’exploitation au travail et des grandes fortunes.

Parmi ses ouvrages, articles et interventions, citons :

Les domesticités, Paris, La Découverte, 2023

Servir les riches, Paris, La Découverte, 2022

Les femmes de ménage dans l’intimité du domicile, Paris, Téraèdre, 2023 (avec Martine Janner-Raimondi et Gaspard Lion (dir.))

Direction de numéros de revue sur la domesticité :

Les domesticités dans les pays du Sud, numéro spécial de la RIED, 2021. (avec Hélène Malarmey et Lorena Poblete (dir.))

Petites et grandes résistances dans les domesticités, numéro spécial de L’Homme et la Société, 2021(avec Ranime Alsheltawy (dir.))

Articles et chapitres d’ouvrages de cette année :

« « Tout de suite des grands mots ! » Les obstacles à la qualification juridique des faits de traite à des fins d’exploitation par le travail », Droit et société, 2025.

« Dominant elites, dominated subalterns, nothing more? Analyzing the ambivalence of domination », Rassegna Italiana Di Sociologia, 2025.

« « D’une main de maître ». Rapports de pouvoir dans la domesticité », Modes Pratiques, 2025.

« Peut-on renverser la domination ? Du fantasme à la réalité sociologique des rapports de domesticité », chapitre dans l’ouvrage Histoires en Mouvement, SUP, 2025.

Articles dans les revues non académiques de cette année :

« Exploitation par le travail : jamais plus d’esclaves, en France ? », Droits et Libertés, revue de la LDH.

« Souleymane et les visages de l’exploitation », AOC.

En premier lieu, afin de permettre à nos adhérents et abonnés de mieux vous connaître, cette première question : pouvez-vous vous présenter ?

Je suis sociologue, chercheuse au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), rattachée au laboratoire Printemps et à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines où j’enseigne également. Mes recherches portent sur les rapports de domination et d’exploitation, et sont à l’intersection de la sociologie du travail, notamment du travail domestique, de la famille, de la sociologue économique et du droit.
En tant que sociologue, je fais des enquêtes de terrain qui croisent méthodes qualitatives (entretiens, observations, ethnographies) et méthodes quantitatives (questionnaires, traitements de bases de données). Je consacre aussi une partie de mon travail à enseigner et à diffuser la recherche au-delà du monde académique, convaincue que les connaissances ne doivent pas rester entre les murs de l’université et des laboratoires.

Vous avez publié en 2022 aux éditions La Découverte, « Servir les riches : Les domestiques chez les grandes fortunes ». Ce livre a rencontré un vif succès. Il s’inscrit et complète les travaux de Michel et Monique Pinçon-Charlot dans le domaine de l’analyse sociologique de cette classe sociale méconnue, la classe des hyper riches.
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous engager et à vous investir dans ce champ particulier ?

Sans doute comme beaucoup de jeunes étudiant·es en sociologie, les travaux de Michel Pinçon et de Monique Pinçon-Charlot sur la grande bourgeoisie m’ont tout de suite interpellée. Il me semblait en effet qu’étudier les mécanismes de domination et de reproduction sociale « par le haut » était primordial si l’on défend une approche relationnelle de la sociologie qui ne peut se contenter du seul point de vue des classes sociales dominées.

À cette appétence pour la sociologie des classes dominantes s’ajoutait ma propre expérience d’ascension sociale où, pendant mes études à Paris, je découvrais des milieux sociaux très favorisés qui m’étaient jusqu’alors étrangers.
J’ai aussi appris l’existence de la domesticité, pas qu’à travers les romans cette fois-ci, mais bien réelle, lorsque j’ai effectué des baby-sitting à droite et à gauche pour gagner un peu d’argent dans les beaux quartiers.

En accumulant des connaissances dans différents domaines de la sociologie, il me semblait que les rapports de domesticité soulevaient deux intrigues.
La première : comment des milieux sociaux que tout oppose, sur le plan de la classe sociale, mais aussi, de la race, comme on dit en sociologie pour désigner l’essentialisation des comportements en fonction des origines perçues, peuvent se côtoyer au quotidien dans un univers aussi intime que le domicile ? La sociologie urbaine et la sociologie des élites montrent en effet à quel point il existe une ségrégation entre les plus riches et les autres, que ce soit au niveau des lieux de vie et de vacances, de la scolarisation des enfants, des cercles de loisirs. Cette promiscuité au sein des maisons des ultra-riches n’a donc rien d’évident.

La seconde : comment se noue un rapport de travail salarié dans la maison, qui est, à l’inverse d’un milieu professionnel, conçu comme le lieu par excellence de l’intime, du secret, de la famille, de l’amour et du désintéressement ? La sociologie économique a en effet montré que la maison, comme le disait Bourdieu, est perçue par les individus comme un « monde inversé » au monde économique fondé sur l’argent, le profit, l’intérêt. Comment le salariat peut-il alors opérer dans la maison, au sein de la famille ?

Ce sont ces deux questionnements sociologiques qui m’ont convaincue de l’intérêt de conduire une recherche sur les rapports de domesticité au sein des univers fortunés, ce qui n’avait en outre pas encore été fait en sociologie.

Comment avez-vous pénétré ces familles ? Quelle méthodologie avez-vous choisie ?

J’ai croisé plusieurs méthodes ethnographiques : une enquête par entretiens biographiques longs et répétés, auprès de personnes ultra-riches d’une part, et auprès de domestiques embauché·es à temps plein chez des familles ultra-riches d’autre part ; une enquête par observation participante, en étant à deux reprises, dans deux familles ayant des domestiques à temps plein, « nounou » et aide-cuisinière à temps partiel. Ces deux types d’enquêtes étaient complémentaires puisque les entretiens me permettaient d’analyser les rapports entre patron·nes et domestiques et de les mettre en perspectives avec des trajectoires de vie, et l’observation participante m’a permis d’accéder de façon plus fine aux relations et hiérarchies professionnelles qui se tissent entre domestiques d’une même maison.

Pour pénétrer dans les entre-soi fortunés, j’ai récolté quelques contacts auprès de l’ancienne directrice du Bottin Mondain, sur les conseils de Monique Pinçon-Charlot, qui, par effet boule de neige, m’ont ouvert les portes de nombreuses familles. Pour les domestiques, j’ai sollicité des femmes de ménage amies de ma famille qui ont travaillé dans les beaux quartiers parisiens, et je me suis rendue dans des lieux stratégiques fréquentés par les domestiques : les églises, les marchés et supermarchés, les parcs, par exemple.

Si ouvrir la porte d’entrée de ces univers requiert du temps, une fois entre-ouverte en revanche, les rencontres se sont accélérées.
Même si cela ne figure pas dans le livre mais dans d’autres articles de recherche que j’ai écrits, j’ai aussi effectué un terrain auprès d’agences de placement de luxe et d’école de majordomes dans plusieurs pays, qui m’ont aussi permis de multiplier les enquêté·es et de déployer une analyse plus large du marché international de la domesticité.

Dessin de Frédéric Deligne, dessinateur caricaturiste français né en 1962

Par rapport aux travaux de l’anthropologue James C. Scott, notamment son ouvrage « La Domination et les arts de la résistance », avez-vous constaté, chez les domestiques, une sorte d’ingénierie de résistance contre leur propre domination ? Si oui, sous quelles formes cette résistance s’est-t-elle manifestée ?

On peut dire qu’il existe des « arts de la résistance » chez les domestiques des ultra-riches, mais ceux-ci ne s’expriment pas de façon collective, alors même qu’on aurait pu s’y attendre : la littérature en sciences sociales sur les domesticités souligne l’isolement comme frein principal à la résistance, et chez les ultra-riches, les domestiques ne sont pas seul·es, elles et ils travaillent en équipe.

Cependant, même s’il existe des solidarités laborieuses, il n’y a pas à proprement dit de soulèvement collectif à l’égard des patron·nes (ou vis-à-vis des domestiques les plus hauts placé·es qui ont un rôle de contremaîtres). La résistance se fait de façon silencieuse : prendre des libertés dans la façon d’organiser son travail, ralentir le rythme, se moquer entre domestiques des patron·nes, se déguiser avec leurs vêtements lorsqu’elles et ils sont absent·es, sourire pour ne rien laisser transparaître de leurs émotions…
Et plus radicalement, la résistance à la domination se traduit par l’exit, c’est-à-dire le départ, parfois impromptu, des domestiques, qui n’en peuvent plus.

Négocier ses conditions de travail, en revanche, se fait peu, et encore moins par la colère ou la violence (non, les domestiques ne tuent pas leurs patron·nes, contrairement à ce que fantasment le cinéma et la littérature !). Généralement, les domestiques n’osent pas contester l’ordre social mis en place par leurs patron·nes, du moins de façon explicite devant eux.

« The servant, miroirs déformants » Photogramme tiré du film « The servant » de J. Losey ayant servi d’illustration introductive à l’analyse cinématographique du film lors de la rétrospective Losey organisée par la cinémathèque française enn 2022.
Dirk Bogarde et James Fox ©Les Acacias

En découle cette question : existe-t-il un discours alternatif propre aux dominés, utilisé par eux, avec leur propres codes, un monde échappant à la doxa, et pour autant monde bien réel ?

Je pense qu’il est délicat d’attester de la spécificité des modes de résistance des domestiques par rapport à tous ceux qui ont été mis en lumière par les travaux portant sur les dominés.
Se moquer, s’autoriser des marges de manœuvre silencieuses, partir, sont des stratégies qui se retrouvent dans d’autres mondes professionnels populaires.

Ce qui est cela dit caractéristique de la domesticité, c’est que la relation professionnelle s’imbrique à la relation familiale : les affects sont omniprésents dans les rapports de domesticité, floutent les frontières du droit, créent de l’attachement qui rend d’autant plus difficile la résistance. Les domestiques ne considèrent pas leurs patron·nes que sous l’angle de la figure patronale : ce sont des personnes dont elles et ils connaissent toute la vie et l’intimité. Dès lors, les domestiques ont tendance à excuser systématiquement les pratiques et discours de leurs patron·nes, comme nous pourrions le faire avec certain·es membres de notre famille en prenant en compte leurs propres difficultés personnelles qui nous font relativiser les nôtres…

Dessin de George Booth, dessinateur humoristique américain (1926-2022)

Sans déflorer le contenu de votre exposé lors du colloque, pouvez-vous, en quelques mots, nous indiquer comment il sera structuré, quelles seront ses lignes de force ? Les singularités découvertes lors de votre enquête ? En quelque sorte, donnez-nous l’envie d’en savoir plus !

En revenant sur la distinction opérée par les féministes matérialistes entre travail productif et reproductif, j’aimerais montrer en quoi les domestiques ne sont pas qu’un « artifice » des classes dominantes comparable à une consommation ostentatoire distinctive.

Je montrerai qu’elles et ils sont à la base de la possibilité qu’ont les classes dominantes de se reproduire en tant que classe sociale.

J’expliquerai ainsi que cette reproduction de classe repose sur des rapports d’« exploitation dorée », un concept que je développe dans mon livre pour caractériser le rapport de domesticité qui se déploie chez les ultra-riches.

Dans mon analyse, je me refuserai aussi d’avoir un regard misérabiliste sur les domestiques en montrant dans quelle mesure elles et ils ont conscience des mécanismes de domination.

Vos recherches s’inscrivent dans ce que Henri Guillemin appelait « mettre en pleine lumière le dessous des cartes », une démarche résolument anti doxa. Compte tenu de la situation générale dans le domaine de la recherche, quelles sont vos conditions de travail ? Est-ce facile d’être chercheur aujourd’hui ?

« Derrière le mythe de la bienveillance » ; 2014 ; Huile sur toile ;
National Portrait Gallery in Washington, DC
Tableau de Titus Khapar, artiste afro américain né en 1976.
Ce tableau détourne de façon caustique le portrait de T. Jefferson réalisé par le peintre américain Rembrandt Peale, (1778-1860).
Copyright Jack Shainman Gallery, © All Rights Reserved

Le projet de la sociologie est de lever le voile sur le dessous des cartes du monde social, effectivement.

C’est à quoi tentent tant bien que mal de s’atteler les sociologues. Je dis tant bien que mal car la situation dans le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur ne fait que se dégrader depuis de nombreuses années.
Pour mener à bien le projet de la sociologie, il faut offrir aux sociologues des postes pérennes, or ces derniers se raréfient. Tant de collègues brillant·es sont sujet·tes à des pressions pour réaliser des recherches trop rapides dans le cadre de contrats courts, de publier à tour de bras pour espérer être recruté·es, et cela crée des effets dramatiques sur la vie des chercheur·es, et sur la recherche elle-même.

La diffusion des travaux au grand public est aussi un enjeu : du fait de l’état dégradé du monde académique, le temps qu’il est possible d’accorder aux médias, aux interventions hors les murs, à l’éducation populaire, à l’écriture pour le grand public, se réduit.
Se faire publier est aussi un parcours du combattant puisque les éditeurs sont frileux à l’idée de publier les sciences sociales.

Il faut absolument rester optimiste et continuer la recherche, résister pour que le regard critique perdure, trouver des alliés, malgré un climat politique qui y est tout à fait défavorable.

Après la publication de votre dernier ouvrage, avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Bien sûr, mon métier est la recherche et donc, le terrain et l’écriture. Outre des articles académiques, je travaille à l’écriture d’un prochain ouvrage, issu d’une enquête de terrain que je viens de terminer sur la traite des êtres humains en France, ce qu’on appelle en langage plus courant « l’esclavage moderne », des situations d’exploitation (pas du tout dorées !) que l’on retrouve dans de nombreux secteurs professionnels.
La sortie du livre est prévue pour l’automne 2026 !

Nous sommes entrés dans la dernière ligne droite. Dans 18 jours s’ouvrira le colloque.

Assister au colloque

Les inscriptions par internet, ouvertes le 31 août, seront closes le 6 novembre à 18h00.
Bien sûr, il sera toujours possible de venir le jour même et de s’inscrire sur place. Dans ce cas, prévoyez chèque ou espèces, mais pas de carte bancaire.

Les inscriptions continuent de progresser et tant mieux.
La capacité de la salle Dussane est de 170 places.

Comment s’inscrire au colloque : Une fois arrivé dans le programme, pour assister et s’inscrire au colloque, vous verrez le bouton « Réserver » ci dessous :

Cliquez dessus, puis sur le bouton « Billeterie » et ensuite, suivre les autres étapes jusqu’au règlement de votre inscription.

La date et le lieu

Le 8 novembre 2025 à l’Ecole Nationale Supérieure (ENS) – 45, rue d’Ulm 75005 Paris. Salle Dussane.

Photogramme tiré de la série Downtown abbey © Carnival Films for Masterpiece / PBS / Courtesy Everett Collection
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Colloque 2025 – Interview exclusive de Caëla Gillespie

Nous sommes aujourd’hui entrés dans la dernière ligne droite, à un mois de l’ouverture du colloque et commençons à terminer la présentation des intervenants. Après la matinée consacrée aux Gens de rien ou de peu, organisée autour de quatre exposés dont les intervenants ont été précedemment interviewés,

Michel Cabannes le 19 mai. Pour relire l’interview, cliquez ici
Luc Sigalo Santos le 9 juin. Cliquez ici
Danièle Linhart le 11 juillet. Cliquez ici
Nicolas Roux le 9 septembre. Cliquez ici

l’après-midi sera le moment pour étudier les Gens de biens, aujourd’hui dénommés classe des riches, des hyper riches.

Comme pour la matinée, quatre exposés analyseront cette classe sociale particulière devenue transnationale, qui possède et contrôle l’activité financière, économique, politique et médiatique et détermine ainsi la vie et le destin de la très grande majorité.

Notre newsletter du 23 septembre a déjà présenté Monique Pinçon-Charlot (pour relire son interview, cliquez ici).

Aujourd’hui, notre lettre est consacrée à la philosophe Caëla Gillespie dont l’intervention clôturera le colloque.
En effet, symétriquement à l’exposé introductif de Michel Cabannes qui aura posé en ouverture le cadre général de la problématique sur le plan économique, l’intervention conclusive de Caëla Gillespie relèvera de la philosophie politique pour montrer clairement et de façon globale, la nature et les formes des grands mouvements socio politiques mortifères qui travaillent l’ensemble des sociétés.

Son intervention s’intitule : Face à l’oppression que constitue la fabrication de l’apolitisme, un réveil est-il possible ?

Caëla Gillespie, ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, est professeure agrégée de philosophie, docteure en philosophie. Son ouvrage Manufacture de l’homme apolitique qui explicite les origines, la nature et les conséquences de l’idéologie ultralibérale sur les corps politiques et la citoyenneté, a fait date.

Parmi les ouvrages, articles et interventions de Caëla Gillespie, citons :

L’ultra-libéralisme produit un homme qui n’est plus un citoyen, entrevue menée par Dominique Sicot pour L’inspiration politique, automne 2024. Le lire, cliquez ici

Le régime ultra-libéral subvertit l’Etat de droit, entrevue menée par Laurent Ottavi, pour Elucid, 8/08/2024. Le lire, cliquez ici

Emition France culture, 4 juin 2024. L’écouter, cliquez ici

Manufacture de l’homme apolitique, Ed. Au bord de l’eau, 2024 (ISBN  978-2385190262)

Panlibéralisme : Quand le néolibéralisme accède à la toute-puissance, Ed. Au bord de l’eau, 2025 (ISBN  978-2385191672)

Retour au politique. A paraître en 2026
(N.d. l’E. : l’ouvrage s’inscrit dans la continuité de celui de 2024 et peut être considéré comme une suite).

En premier lieu, afin de permettre à nos adhérents et abonnés de mieux vous connaître, cette première question : pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?

Je suis Caëla Gillespie, professeure de philosophie en classes préparatoires en Ile de France. Je travaille en cherchant à « penser l’événement » comme dit Hannah Arendt. L’histoire de la philosophie offre une richesse infinie pour comprendre le monde actuel. Pas parce que l’histoire se répéterait ; au contraire, elle n’enfante jamais deux fois les mêmes formes.
Par exemple, la violence politique du vingt-et-unième siècle ne ressemble pas à celle que nous avons connue au siècle passé. Mais l’histoire de la philosophie est elle-même faite de vagues sans cesse renouvelées, des vagues critiques qui surgissent de manière intempestive. Elle nous enseigne à avoir une pensée hétérodoxe, jamais dogmatique. Le travail de veille politique s’en trouve éclairé. Parce que pour voir à neuf le réel, il faut accepter que nos schémas d’interprétation habituels soient bouleversés. Il faut accepter d’être décontenancé, d’être en crise.

Vous avez publié en 2024 aux éditions Au bord de l‘eau, « Manufacture de l’homme apolitique ». Dans cet ouvrage, en resituant les origines historiques de ce courant de philosophie politique appelé libéralisme, vous expliquez comment cette idée a été pervertie aujourd’hui par l’oligarchie transnationale ultra libérale, et les raisons conséquentielles du désinvestissement politique du corps social. Ce livre a rencontré un vif succès.
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous engager ainsi dans l’espace public et médiatique ?

J’écris depuis toujours. Il n’y a que comme ça que j’arrive à mettre en ordre mes idées. Mais c’est un événement en particulier qui m’a décidée à publier mon travail.
En 2019, lors des premières grandes luttes contre le projet de réforme des retraites, je faisais partie d’une collectivité d’enseignants très engagée. On a beaucoup manifesté, on a jeté nos forces dans le mouvement. Et puis on a eu la surprise de lire une tribune dans le journal Le Monde, qui provenait de nos propres étudiants, et qui disait en substance ceci : « comment se fait-il que vous soyez capables de vous battre ainsi pour vos retraites et pas de vous battre, avec nous, pour défendre l’écologie ? Vous défendez vos intérêts, mais vous n’êtes pas avec nous quand il s’agit de défendre la planète. »

On a donc répondu, dans une contre-tribune, que les deux luttes ne se faisaient pas concurrence, et qu’en réalité, lutter contre la destruction de l’Etat social, et lutter pour la planète, ça se rejoint ; les luttes sont même organiquement liées.
Mais pour comprendre ça, il fallait mettre au jour la cause commune de la destruction de la protection sociale et la destruction de la planète : un régime politique, de type néolibéral, qui dérégule l’espace public pour le livrer à la prédation du marché.

Une image de l’oligarchie : A Lunch at the Belvedere World Economic Forum, Davos, 22 color photograph, 53 1/3 x 114 1/3″ ; Janvier 2004
Photographie de Luc Delahaye, photographe français né en 1962 Courtesy Galerie Nathalie Obadia

La destruction des droits politiques et sociaux des citoyens, la dérégulation de l’extraction et de l’exploitation des ressources, sont deux expressions du même mouvement de fond : le capitalisme néolibéral.

Coal Gleaner (Glaneur de charbon), 2013
Digital C-Print ; 183,5 x 257 cm (72 1/4 x 101 1/8 in.)
© Luc Delahaye
Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Brussels

Alors je me suis aperçue qu’il fallait qu’on se donne des vrais outils pour démontrer cela. Et qu’on ne pouvait pas laisser les étudiants, qui sont très intelligents, mais qui ont été coupés des relais de l’éducation politique, se débrouiller tout seuls.

Il y a dans les médias ce métadiscours, ce narratif complaisant, qui oppose volontiers les « boomers » aux jeunes « générations sacrifiées », l’égoïsme d’une génération à la sobriété contrainte de la génération montante. Si ce sont là les seuls outils conceptuels dont on dispose pour essayer de comprendre l’évolution de ces cinquante dernières années, c’est terrible. Parce qu’une explication psychologisante et apolitique ne saurait en aucun cas viser juste. De plus, elle nourrit le ressentiment, monte une génération contre une autre, et divise des gens qui devraient s’unir.
Je voulais donc publier un petit livre qui aide à identifier l’ultralibéralisme comme superstructure dogmatique du capitalisme extractif. On a affaire à un régime qui a commencé à se mondialiser à la fin des années 70, qui subvertit les corps politiques, les Etats et la loi, pour en faire le levier de la dérégulation qui est utile au marché.

Le grand mouvement de « destruction créatrice » vient de là : le néolibéralisme, ou l’ultralibéralisme -il faudra y revenir- c’est une lame de fond, qui cause la destruction de l’Etat social, la volatilisation de nos droits sociaux les plus fondamentaux, et permet la lucratisation d’un maximum de secteurs d’activités.
Cette même entreprise de lucratisation redéfinit la nature comme un capital. Par exemple, dans un rapport de la Banque mondiale, datant de 2021, on la définit comme un « capital naturel renouvelable », donc comme un fonds, à exploiter indéfiniment, et dont on ne se préoccupe que lorsque le capital commence à être menacé par le changement climatique.

De votre expérience de professeure de philosophie à un public de pré-adultes, comment vos élèves/étudiants, jeunes générations, perçoivent-ils l’apolitisme que vous analysez et dans lequel ils baignent ? Arrivent-ils à percevoir le danger, quasi existentiel, les concernant, que vous analysez et enseignez ?

Je perçois deux types de réactions chez mes étudiants. La première, c’est une tristesse, liée à un sentiment d’inertie contrainte. Une conscience sensible existe, éveillée par la consommation du flux d’images. Mais c’est souvent une conscience sans structuration conceptuelle (où l’on parle d’égoïsme plutôt que de capitalisme par exemple). Le corrélat, c’est un sentiment d’impuissance – comment agir ? – et de déshérence – avec qui ? Très souvent, l’envie de s’engager va être canalisée dans le champ associatif, sans qu’il y ait nécessairement de politisation de la pensée.

Le deuxième type de réaction, c’est un grand déni de réalité. Il faut qu’ils s’insèrent dans le monde du travail. Et ils veulent que tout reste comme avant. Que le monde de l’entreprise soit stable. Qu’il y ait de la croissance. Qu’on puisse continuer à faire des stages, des années de césure aux Etats Unis, qu’on puisse travailler dans des secteurs porteurs, comme l’IA. Donc ils adoptent une attitude mentale résolument apolitique. Certains vont adhérer à « l’esprit corporate », l’esprit du temps présent. Ils ne veulent pas penser que le nouveau monde de l’entreprise a muté, et qu’il est porteur d’un nouveau type de violence politique.

Capitalisme actionnarial ; image générée par IA

Ce qui nous amène à cette question complémentaire : Compte tenu du contexte sociétal actuel, s’agit-il, chez eux, d’une sorte d’inconscience, ou, au contraire, d’une surconscience se résumant ainsi : conscients mais peur de parler. Car parler, s’exprimer, notamment via les réseaux sociaux, ouvre au danger.

Le plus important, je crois, c’est que les deux attitudes que je décris -vulnérabilité sensible sur fond d’impuissance, d’une part, et déni de réalité, de l’autre, ne sont pas propres aux étudiants : on retrouve cette oscillation entre les deux temps affectifs dans la population générale. C’est une oscillation démobilisatrice qui nous affecte tous. Un mouvement de pendule d’horloge qui disperse nos forces.

Bien sûr qu’il faut essayer de cerner les attentes et les représentations propres à chaque génération. Mais je crois qu’on ne peut pas singulariser une génération (même si c’est le grand jeu actuel de classer les générations en X, Y, Z…). Nous sommes tous pris dans le processus de fabrication du consentement volontaire, le « voluntary conformity » dont parle Friedrich Hayek dans La constitution de la liberté, dès 1960.
Nous sommes tous sommés de nous intégrer. Et notre intégration à la pyramide des salaires et des revenus du capital se fait à ce prix : celui de l’orthodoxie. Même si nous en éprouvons une angoisse sans nom.

Plus fondamentalement, il me semble important de comprendre que nous sommes tous atteints par une cécité sélective. Nous laissons faire le démantèlement des corps politiques, des constitutions, de la règle, et puis les grandes destructions de la nature. La cécité s’organise collectivement. Elle est manufacturée. Le résultat de la manufacture, c’est le « syndrome de Pompéi » que je décris dans mes livres : nous vivons sur les flancs du volcan, nous voyons les phénomènes potentiellement destructeurs se multiplier, mais nous restons là, dans une grande atonie collective.

Insouciance et apocalypse : Spores et virus ; tableau de Alex Gross, artiste américain spécialisé dans les peintures à l’huile sur toile sur les thèmes de la mondialisation, le commerce, le sombre chaos et le passage du temps.
Huile sur toile 50.5 » x 73″, 2014 ; Copyright © 2025 Alex Gross.

Quand on est professeure de philosophie et que l’on fait partie du système académique, est-il aisé de publier des ouvrages critiques ?

Il est certain que publier des ouvrages politiques et critiques, nous expose à des risques. La montée en puissance de l’idéologie d’extrême droite est un fait. Et ça va devenir difficile dans les années à venir de faire cours de manière pacifiée, avec de plus en plus d’étudiants qui seront perméables à ce discours.
Parler de philosophie politique suppose de recréer, dans nos cours, un espace analogue à l’agora. Or l’agora se ferme dans toutes les sociétés démocratiques. On se retrouve seuls, nous, les professeurs, à tenter de la maintenir ouverte. Les philosophes, historiens, sociologues sont peut-être particulièrement vulnérables.
Heureusement qu’il y a un corps enseignant soudé, solidaire, encore assez syndiqué pour se défendre collectivement.

Plus l’idéologie dominante se diffuse, en imposant l’idée d’une nécessité économique plus haute que le politique, d’une rationalité gestionnaire neutre, qui ne discute pas la valeur des fins, et plus la philosophie politique apparaît hétérodoxe.
Non seulement parler politique devient transgressif, mais parler du politique le devient : par exemple, quand on définit le peuple souverain, la loi, ou la constitution qui structure les corps politiques, quand on dit avec Aristote que le tout précède la partie. Un tel discours est de plus en plus étranger au dogme selon lequel la liberté est individuelle, naturelle et apolitique.

De manière plus inquiétante encore, une idée confuse de devoir de neutralité, ou de « neutralité axiologique » du professeur, monte en puissance.
C’est présent par exemple dans le texte ambigu de J.M. Blanquer, en 2019, qui rappelle les obligations des professeurs, dans le cadre d’une « école de la confiance ». Or si la loi affirme bien, depuis 1935, l’existence d’un « devoir de réserve » du fonctionnaire, elle ne saurait servir d’arme de censure. Il y a un devoir de réfléchir.

A l’heure où un J.D. Vance use de la liberté d’expression comme d’une arme pour investir et renverser les démocraties, c’est très dangereux de vouloir limiter la liberté d’expression de ceux qui ont un discours rationnel, et qui sont là pour vulgariser la science et la recherche. La philosophie politique, en particulier celle des Lumières, peut nous donner les armes intellectuelles nécessaires contre la propagation du « dark enlightenment », contre la diffusion des Lumières obscures, qui passe massivement par les réseaux sociaux.
On en a vraiment besoin.
Et il nous faut l’appui de l’institution, non sa réprobation.

Sans déflorer le contenu de votre exposé lors du colloque, pouvez-vous, en quelques mots, nous indiquer comment il sera structuré, quelles seront ses lignes de force ? En quelque sorte, donnez-nous l’envie d’en savoir plus !

Je prévois d’abord de récapituler les trois étapes historiques qui me semblent constitutives du nouveau régime actuel. La première phase, c’est la subversion des Etats de droit par le nouveau monde de l’entreprise. C’est le moment où les grands groupes transnationaux se baptisent le « monde », ce « nouveau monde » qui se donne comme vocation de remplacer le « vieux monde » politique. Il exige d’abord d’être consulté sur l’opportunité de légiférer, puis il entend assumer un « pouvoir positif », concevoir la loi.

La deuxième phase, qui est celle dans laquelle nous nous situons, est celle de la dérèglementation, de la dérégulation générale : la règle est attaquée, et des lois, d’une nouvelle teneur, sont utilisées pour démanteler le droit, en particulier le droit du travail. Les peuples se décomposent en individus isolés, dépourvus de tout statut protecteur. L’espace public est débité. Les services publics sont lucratisés. Ce processus discret, mais qui avance comme un rouleau compresseur, se déploie jusqu’au moment où le marché a les mains libres. Il en résulte une forme d’anarchie (un « ordre du marché » sans arkhè, sans commandement). On va vers un anarchisme de droite, qui cultive l’idée que l’homme est libre s’il est propriétaire ; c’est très proche de l’anarcho-capitalisme imaginé par certains auteurs dès les années 1970.

La troisième phase est celle que nous voyons seulement se profiler. C’est un avenir mouvant et incertain. Mais on voit poindre, sur fond d’éclatement des corps politiques et d’anarcho-capitalisme, un grand mouvement de remembrement de l’espace mondial. Dans le nouveau monde de l’entreprise, des grands blocs capitalistes se forgent, structurés par les big Techs. Ce sont des corps transnationaux qui se recomposent et redessinent intégralement la carte de la souveraineté : ce sont des Corporations si on utilise le mot américain, des Entreprises d’un nouveau type, qui se définissent comme souveraines. Ce sont donc des corps post-politiques, que l’on peut décrire comme des Surcorps, dans la mesure où ils englobent des Etats et s’en servent comme relais de leur puissance.

Contre toute apparence, on n’aurait pas affaire, ou pas essentiellement affaire, à un hyper-étatisme (Trump, Poutine, la Chine), mais plutôt à un processus d’autoliquidation de l’Etat, suivi d’un remembrement de l’espace mondial, d’un nouveau partage du monde sous l’égide de surcorps post-politiques.

Dizziness of « Freedom » (Vertige de la « liberté »), 2016 ; oeuvre de Mircea Suciu, artiste roumain né en 1978 ; Photographie : Zeno X Gallery, Anvers

Pour le grand public, il y a une totale confusion entre les termes : libéralisme, économie libérale, néolibéralisme, ultralibéralisme, libertarisme…Cette confusion sémantique ne date pas d’hier. Nous pensons au journal de Viktor Klemperer dénonçant la novlangue nazie ayant permis de rendre normal l’abominable.
Comment, positionnez-vous ces termes ?

Franchement, il n’y a pas que pour le grand public que la chose pose problème. Le champ lexical autour du mot libéralisme est très difficile à maîtriser.
D’une part, comme vous l’avez dit, parce que la confusion est savamment entretenue, chaque courant prétendant réaliser au mieux la liberté, alors qu’il s’agit d’atomiser les peuples et de conformer les individus aux attentes du marché.
D’autre part, parce qu’il y a une différence entre les doctrines d’origine, prises pour ainsi dire à l’état pur, étudiées dans les textes, par exemple de Walter Lippmann ou de Friedrich Hayek, et puis par ailleurs, ces mêmes doctrines lorsqu’elles se déploient sur le terrain, portées par les politiciens au pouvoir, comme Thatcher ou Reagan à partir des années 1980. Car là, dans l’exercice du pouvoir, les doctrines et croyances se fondent dans un creuset, un melting pot. Des alliances hétéroclites se font, les doctrines s’influencent, se mélangent.
C’est ce qui donne un aspect syncrétique aux idéologies actuelles.

Par exemple, le mot néolibéral est tout sauf évident à définir. Historiquement – à l’origine et à l’état pur- c’est une doctrine qui naît dans les années 1930, et plus spécifiquement au colloque Lippmann, en 1938. Il se distingue du libéralisme classique en ce qu’il refuse le simple « laissez faire » et admet que la puissance publique peut être utilisée pour réunir les conditions de l’avènement de cet ordre du marché, les créer juridiquement, voire les imposer.

En revanche, le néolibéralisme tel qu’il se vend dans l’espace public à partir des années 1980, insiste sur la nécessité d’avoir un Etat faible, dont les prérogatives seraient minimisées, afin que le jeu de la libre concurrence des individus ne soit pas faussé. Il utilise l’idée libertarienne de liberté individuelle pour se vendre. Le discours publicitaire, la publicité que ce régime fait de lui-même, omet de parler du fait que les lois, et la force de l’Etat peuvent être mises au service du marché.

Si on va plus loin, on voit qu’au cours de ces dernières décennies, le mot néolibéral s’est progressivement banalisé dans les milieux économiques et les think tanks idéologiques : il serait à présent synonyme de rationalité économique, et le néolibéralisme serait l’expression naturelle de la nécessité économique, qui renvoie à une loi plus haute que le politique.

Le mot signifie à présent une gestion efficace, censée être strictement apolitique.
En réalité cependant, cette gouvernance gestionnaire, qui prétend remplacer l’acte politique de gouverner, n’est pas neutre politiquement. Et elle n’a rien d’émancipateur pour les hommes et les peuples.

Dans la Manufacture de l’homme apolitique, j’ai fait le choix d’utiliser le mot ultralibéralisme, plutôt que néolibéralisme, afin d’insister sur le caractère extrémiste de cette rationalité économique, qui est en réalité une rationalité instrumentale, c’est-à-dire un calcul d’agencement de moyens qui n’interroge jamais la valeur des fins visées.

Mais cette occultation de la question de la valeur ouvre des abysses politiques. Je voulais montrer que cette nécessité économique, cette gouvernance du fait étatique, n’est pas du tout apolitique et qu’il y a là, au centre, une doctrine extrême, ultra-violente, destructrice de la démocratie et de la nature.
Dans la Manufacture, j’utilise donc le mot ultralibéral au sens large, générique, pour sa dimension critique. Bien sûr, un autre usage du mot existe, plus étroit, quand on le réserve pour désigner la doctrine libertarienne : cela renvoie alors à la liberté de l’individu propriétaire de lui-même, à l’Etat minimal, dont les prérogatives se limitent à être « l’agence protectrice dominante » propre à dissuader les attaques et à sécuriser les contrats.

Mon choix de termes est discutable, et totalement ouvert à la discussion ! Dans le Panlibéralisme, ma réflexion a évolué et le mot ultralibéralisme m’a paru insuffisant pour caractériser la violence de ce qui se passe. Se tisse aujourd’hui une alliance objective entre une autocratie issue des urnes, et le nouveau monde de l’entreprise.

On n’est ni dans le néolibéralisme orthodoxe, ni dans l’ultralibéralisme pur. Comme l’indique d’ailleurs la montée en puissance de la doctrine de Curtis Yarvin, qui est hétéroclite et syncrétique. Pour rendre compte de ça, il fallait donc un néologisme. D’où l’invention du mot : panlibéralisme.

On est face à un régime qui utilise toute la puissance de l’Etat pour procéder à la destruction de l’Etat, dans un processus d’autoliquidation. Tout se passe comme si on allait vers un capitalisme débridé et violent, destructeur de toute règle, de toute constitution et ordre politique, mais imposé par l’Etat lui-même, puisque c’est bien l’Etat qui est, aujourd’hui, l’outil de son propre démantèlement.

Exit l’Etat de droit. Exit la démocratie. Finis les aléas des élections qui empêchent les marchés, recomposés en Corporations souveraines, d’avoir une « visibilité » sur l’avenir de leur expansion.

Un cercle oligarchique transnational : »Ambitious New Plans » ; ; tableau de Jules de Balincourt peintre français né en 1972 ; huile sur toile 102 x 152cm : année 2005

Par rapport à votre dernier ouvrage que vous citez « Panlibéralisme: Quand le néolibéralisme accède à la toute-puissance », aux éditions Au Bord de l’Eau, vous indiquiez à la fin de « Manufacture de l’homme apolitique », vouloir étudier de possibles pistes pour « s’en sortir », propices à un nouvel ouvrage.
Pouvez-vous nous en dire plus ? Quels sont vos projets ?

En fait, le Panlibéralisme n’était pas prévu !

Mais je reprends actuellement l’écriture de mon livre Retour au politique. C’est le volume complémentaire de la Manufacture de l’homme apolitique, parce que la critique que j’ai faite débouchait sur des propositions pour reconstruire le champ d’action.

La question que je me suis posée est simple : comment réorienter les luttes, pour qu’on puisse lutter ensemble ? Comment faire pour que les luttes structurées par les partis et les syndicats d’une part, et les luttes d’émancipation, les luttes écologiques, les luttes humanitaires de l’autre, se rejoignent ? Il faut une visée commune. Pas un grand récit, mais un point focal. Comment peut-on faire converger les « générations », c’est-à-dire les hommes qui ont reçu une formation « à l’ancienne », qui savent comment on structure et on encadre un mouvement politique, et puis d’autre part, l’aire dite « mouvementiste », dispersée, inorganique, mais où se déploie à l’heure actuelle une énergie réelle ?

Il y a aujourd’hui des foules entières regroupées sans trop savoir pourquoi, comme on l’a vu le 10 septembre sur les places des villes, des foules qui sont en attente de quelque chose, en attente de prise de parole, d’AG, d’agora, d’organisation : en attente, en fait, d’un événement démocratique.
Mais celui-ci reste pour l’heure sans contours ni définition. En partie, parce que nous n’avons pas d’orient commun.

Il faut un orient pour orienter et rassembler les énergies.

Nous sommes entrés dans la dernière ligne droite. Dans un mois, s’ouvrira le colloque.

Assister au colloque

Comme vous le savez, les inscriptions sont ouvertes depuis le 31 août. Elles seront closes le 6 novembre.
Bien sûr, il sera toujours possible de venir le jour même et de s’inscrire sur place. Dans ce cas, prévoyez chèque ou espèces, mais pas de carte bancaire.

Compte tenu à la fois du thème et des personnalités intervenantes, les inscriptions vont bon train depuis leur ouverture le 31/8 dernier. Et c’est tant mieux !

Comment s’inscrire au colloque : Une fois arrivé dans le programme, pour assister et s’inscrire au colloque, vous verrez le bouton « Réserver » ci dessous :

Cliquez dessus, puis sur le bouton « Billeterie » et ensuite, suivre les autres étapes jusqu’au règlement de votre inscription.

La date et le lieu

Le 8 novembre 2025 à l’Ecole Nationale Supérieure (ENS) – 45, rue d’Ulm 75005 Paris. Salle Dussane.

Vers le 22 octobre, nous terminerons la série de nos entretiens avec les intervenants avec la diffusion de la dernière interview : la sociologue Alizée Delpierre dont l’exposé au colloque s’intitule : La domesticité au fondement de la reproduction des ultra-riches. 


« L’essor des libertariens, apôtres de la liberté individuelle à tout prix » ; dessin de Sergio Aquindo, écrivain, artiste et illustrateur argentin né en 1974, établi à Paris.