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L’énigme Esterhazy

Pourquoi, en 1963, Guillemin s’attaque-t-il à l’affaire Dreyfus, alors qu’elle a déjà suscité une énorme bibliographie, et qu’en outre l’innocence de Dreyfus ne fait plus de doute ? L’attitude de l’armée, en revanche, garde des éléments de mystère.

Guillemin ne se satisfait pas de l’explication habituelle, selon laquelle le capitaine juif aurait été condamné par erreur, erreur que le monde militaire se serait obstiné à ne pas reconnaître.
L’étude des dossiers conservés aux Archives nationales, à condition qu’elle soit menée sans tabou ni réticence (on peut faire confiance à Guillemin pour cela), permet pourtant de dire avec certitude que trois généraux au moins, Mercier, le ministre de la Guerre, Boisdeffre et Gonse, le chef et le sous-chef de l’État-Major, savaient que Dreyfus n’était pas le bon coupable.

Mais pourquoi, alors, protégeaient-ils Esterhazy, véritable expéditeur vers l’Allemagne des documents militaires qu’on avait accusé Dreyfus d’avoir livrés à Schwarzkoppen ?

Guillemin tente de remonter plus haut et propose une hypothèse interprétative nouvelle.