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En amont du prochain colloque

Photo montage LAHG. Caricature des trois ordres imprimée en 1789 / Couverture du livre éducatif en 2024 de Equipo Plantel et Joan Negrescolor, Ed. Rue de l’échiquer.

Comme vous le savez, notre prochain colloque est entièrement finalisé. Le programme détaillé est disponible en cliquant ici. Il ne reste que la date définitive à obtenir que nous connaîtrons seulement fin août puisque nous sommes tributaires des procédures administratives de l’Ecole Normale Supérieure. Par sécurité, nous avons demandé un faisceau de quatre dates qui sont les suivantes :

Priorité 1 : Samedi 15 novembre 2025
Priorité 2 : Samedi 29 novembre 2025
Priorité 3 : Samedi 8 novembre 2025
Priorité 4 : Samedi 11 octobre 2025

« Gens de biens, gens de rien – Silence aux pauvres » est le thème général du colloque qui sera développé à partir de cette expression célèbre d’Henri Guillemin, utilisée et analysée en détail dans son ouvrage Silence aux pauvres, qu’il rédigea avec fougue pour la célébration du bicentenaire de la Révolution française en juillet 1989.

Le sous-titre du colloque « Réalités contemporaines du capitalisme ultra libéral » indique clairement les sujets des sept interventions : le silence aux pauvres, en 2025, c’est quoi ?

La composition du colloque s’est tout naturellement inscrite dans ce clivage Gens de biens/Gens de rien. Ainsi, la matinée sera consacrée aux Gens de rien pour présenter la réalité de ce qu’ils endurent aujourd’hui dans le monde du travail, ce champ essentiel que nous avons choisi en priorité puisque c’est là que se crée la valeur des marchandises, base du système  ; l’aprèsmidi portera sur les Gens de biens, les dominants, les hyper riches ; qui sontils, d’où viennentils, que fontils.

En ce début du mois de mai, à l’approche du colloque, vient le moment d’aller plus avant dans la présentation des contenus et des intervenants. Avant de diffuser les futures interviews exclusives de chacun d’entre eux, actuellement en cours d’élaboration – trois ou quatre seront mises en ligne avant les vacances d’été, les autres à la rentrée – , voici un résumé de leur parcours et de leurs travaux, présenté selon l’ordre du programme.

Nous renvoyons au programme pour ce qui concerne les titres et résumés des interventions.

Michel Cabannes, Maître de conférences en Economie à l’université de Bordeaux.

Le thème du colloque rend nécessaire de poser au préalable, le cadre général de la problématique dans lequel vont se déployer les différents exposés. A commencer par définir les termes de « néolibéralisme » et de « ultralibéralisme » et tout ce que ces mots recouvrent comme réalité concrète, au-delà du mot « liberté » qui les compose. C’est le sens de l’intervention de Michel Cabannes qui présentera les origines historiques de ce régime politique et économique, ses raisons d’être, ses effets et ses conséquences sur l’ensemble des populations.

Parmi ses ouvrages, citons deux livres essentiels :
La trajectoire néolibérale: Histoire d’une dérèglement sans fin. Ed. Au bord de l’eau (pour en savoir plus, cliquez ici)

La Gauche à L’épreuve du néolibéralisme, qui en est le complément.
Ed. Au bord de l’eau (pour en savoir plus, cliquez ici)

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Camille PEUGNY, Sociologue, professeur à l’UVSQ (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).

Le déclassement, la reproduction sociale des inégalités, la permanence de la stratification sociale, constituent le cadre général des travaux de Camille Peugny. Un des effets pervers de l’ultralibéralisme est de promouvoir, au nom de la liberté individuelle, le système de l’auto entreprenariat, comme accès facile et prestigieux à la réussite sociale pleine et entière. Bien sûr, il s’agit d’une illusion pour les gens de rien ou de peu.

Les recherches de Camille Peugny portent justement sur cette réalité : rendre compte de l’attrait qu’exerce le modèle de l’indépendance auprès de salariées précaires, qui les éloigne de toute possibilité d’action collective pour une justice sociale légitime.

Parmi ses ouvrages, citons :

Le déclassement. Ed. Grasset (pour en savoir plus, cliquez ici)

Le Destin au berceau: Inégalités et reproduction sociale. Ed. Seuil (pour en savoir plus, cliquez ici)

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Luc SIGALO SANTOS, Sociologue, diplômé de l’ENS, Maître de conférences en science politique, Aix-Marseille Université, LEST (Laboratoire d’Economie et de Sociologie du travail).

En régime ultralibéral, étudier la réalité du monde du travail impose de parler des conditions de travail quand on en a, de la précarité, et du non travail, c’est à dire le chômage.

Luc SIGALO SANTOS travaille sur les politiques d’emploi, la précarité au travail. Ses recherches actuelles portent sur le rôle de l’action publique, saisie à travers ses règles, ses institutions et ses acteurs, dans la régulation des aspirations et choix professionnels. Elles se déploient sur deux terrains : le contrôle des chômeurs et l’encadrement doctoral dans l’enseignement supérieur et la recherche.

Il étudie également les nouvelles formes de précarité, par exemple le crowdsourcing (ce qui signifie littéralement « approvisionnement par la foule ». Cela consiste à mobiliser une multitude d’individus volontaires pour l’accomplissement d’une mission. Le processus, qui s’avère être en réalité une forme d’externalisation, s’apparente à un concours dont le résultat profite directement à l’entreprise.). Ces nouvelles formes qui promeuvent l’émiettement du travail et sa délocalisation sur Internet, présentant le travail comme un jeu, et le temps libre comme une source de revenus.

Parmi ses ouvrages, citons :

Chômeurs, vos papiers ! : Contrôler les chômeurs pour réduire le chômage ? Ed. Liber/Raisons d’agir (pour en savoir plus, cliquez ici)

L’administration des vocations – Enquête sur le traitement public du chômage artistique (pour en savoir plus, cliquez ici)

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Danièle LINHART, Sociologue du travail, directrice émérite de recherche au CNRS, membre du laboratoire GTM-CRESPPA (Genre, Travail, Mobilités / Centre de Recherches sociologiques et politiques de Paris).

Avec Danièle LINHART, nous terminons la matinée centrée sur la réalité des gens de rien ou de peu. Ses travaux sont célèbres, qui portent sur les stratégies managériales, notamment celles à l’oeuvre au sein des grandes firmes transnationales, sur l’évolution du travail qui en découlent, et les nouvelles formes de mobilisation des salariés et la place du travail dans la société ultralibérale.

Nous avons souhaité placer son intervention en fin de matinée comme une clé de voûte entre les exposés du matin consacrés à la réalité du monde du travail et ceux de l’après midi concernant les dominants, donc les managers et leurs règles imposées.

Le sujet de son intervention s’inscrit directement dans le sous-titre du colloque et se raccorde également au thème de la philosophe Caëla Gillespie qui conclura la journée.

Parmi ses nombreux ouvrages, citons :

L’insoutenable subordination des salariés. Ed. Erès (pour en savoir plus, cliquez ici)

La comédie humaine du travail: De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale. Ed. Erès (pour en savoir plus, cliquez ici)

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Monique PINÇON-CHARLOT, Sociologue, ancienne Directrice de recherche au CNRS.

Ses travaux pionniers, menés avec son mari Michel Pinçon (1942-2022) sur la sociologie des classes dominantes, sont devenus célèbres et incontournables. Placer son intervention en ouverture de l’aprèsmidi, consacré au Gens de Biens, aux classes dominantes, petite minorité qui détermine la vie de la grande majorité, s’impose naturellement.

Le travail de toute une vie consacré à étudier pourquoi et comment les classes hyper fortunées de l’aristocratie et de la bourgeoisie sont un vrai problème social, permettra d’apporter des éléments pour répondre à une question centrale du colloque : les gens de Biens, en 2025, c’est qui, c’est quoi.

Parmi ses nombreux ouvrages, citons :

La violence des riches: Chronique d’une immense casse sociale. Ed. La découverte (pour en savoir plus, cliquez ici)

Les Riches contre la planète: Violence oligarchique et chaos climatique. Ed. Textuel (pour en savoir plus, cliquez ici)

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Alizée DELPIERRE, Sociologue, Docteure en sociologie, chargée de recherche au CNRS rattachée au laboratoire Printemps à l’UVSQ (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).

Un édifiant exemple d’application pour connaître l’univers économique et culturel des classes hyper riches est celui du personnel domestique travaillant à leur service. Mais le rapport de classe et de domination qui régit la relation entre les deux classes sociales n’est pas aussi simple qu’on pourrait le penser. Il est même assez complexe et dévoile, à la suite des exposés de la matinée, les effets pervers du système ultralibéral. En effet, la domesticité recouvre des réalités diverses : la nature des tâches effectuées, le type d’emploi, les conditions de vie et de travail, ou encore les luttes sociales, sont loin d’être homogènes.

Parmi ses ouvrages, citons :

Les domesticités. Ed. La Découverte (pour en savoir plus, cliquez ici)

et son dernier livre : Servir les riches: Les domestiques chez les grandes fortunes. Ed. La Découverte (pour en savoir plus, cliquez ici)

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Caëla GILLESPIE, Professeure agrégée de philosophie, docteure en philosophie

A l’instar de la première intervention de Michel Cabannes, instaurant le cadre général des échanges, il est apparu nécessaire de poser, en conclusion du colloque, un second cadre, non pas économique, mais philosophique, permettant de saisir l’importance, la nature et l’origine des théories, idées et pensées qui ont servi à bâtir l’idéologie de l’ultra libéralisme. La situation d’aujourd’hui pourrait conduire à admettre la fin de l’Histoire : le mode de production capitaliste version ultralibérale régnera à jamais. Mais tout système idéologique peut mourir de ses contradictions face à la réalité.

L’espoir est donc encore vivant et nous souhaitons terminer le colloque sur un ouverture heureuse.

C’est l’ouvrage de Caëla Gillespie Manufacture de l’homme apolitique (un titre qui fait penser à l’ouvrage de Noam Chomsky, La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie) qui répond magnifiquement à cette problématique philosophique.

Parmi ses travaux citons :

Manufacture de l’homme apolitique. Une analyse des causes de l’impuissance collective pour mieux retrouver les chemins de l’action et s’en sortir. Ed. Au bord de l’eau (pour en savoir plus, cliquez ici)

Panlibéralisme. Quand le néolibéralisme accède à la toute-puissance. Ed. Au bord de l’eau (pour en savoir plus, cliquez ici)

Une « suite » à Manufacture de l’homme apolitique est prévue très prochainement.

Le programme :

Le programme détaillé est prêt. Pour découvrir les intervenants qui, à travers leurs exposés, actualiseront le clivage « Gens de biens/Gens de rien ; Silence aux pauvres », cliquez ici.

Lieu et date :

Comme les précédents, le prochain colloque se déroulera dans la salle Dussane de l’Ecole Normale Supérieure (ENS – Ulm). Concernant la date, nous sommes toujours tributaires des règles administratives de l’ENS qui ne peut confirmer les demandes extérieures qu’à la fin du mois d’août. Nous avons demandé quatre dates avec ordre de priorité suivant :

Priorité 1 : Samedi 15 novembre 2025
Priorité 2 : Samedi 29 novembre 2025
Priorité 3 : Samedi 8 novembre 2025
Priorité 4 : Samedi 11 octobre 2025

Dès fin août/début septembre, quand la date définitive aura été fixée, nous diffuserons une newsletter présentant tous les détails pour assister.

Modalités d’inscription :

Aucun changement par rapport aux colloques précédents. S’inscrire au colloque se fait toujours par Internet, sur un site dédié, entièrement sécurisé. Ce site sera ouvert dès début septembre.

Nous avons la très grande tristesse de vous annoncer le décès de Jean Chérasse, mort à son domicile, à l’âge de 92 ans dans la nuit du 17 au 18 avril dernier.

Nous avions connu Jean, au début de l’année 2016, à travers un échange épistolaire pour l’inviter à intervenir au colloque Henri Guillemin consacré à la Commune qui eut lieu le 19 novembre 2016 à la Sorbonne Nouvelle Censier. Jean était en effet non seulement un admirateur d’Henri Guillemin dont il était devenu l’ami depuis qu’ils avaient travaillé ensemble sur ses deux documentaires politiques Dreyfus ou l’Intolérable Vérité (1975) et La Prise du pouvoir par Philippe Pétain (1980).

C’était aussi un descendant de Communeux, comme il disait. A partir d’une colossale documentation et archives familiales, il publia son histoire de la Commune en deux volumes (édition du Croquant. Pour en savoir plus, cliquez ici) au beau titre générique Les 72 immortelles. Tome 1 La fraternité sans rivages : Un éphéméride du grand rêve fracassé des Communeux. Tome 2 l’ébauche d’un ordre libertaire : Une nouvelle lecture de la commune de Paris de 1871.

C’était surtout un combattant de la vie, farouche opposant à la « démocratie bourgeoise » dont il dénonçait, en amitié fidèle à Guillemin, les simulacres de son spectacle sociétal.

A travers plus de mille billets de blog publié sur Médiapart sous le pseudonyme Vingtras, il lutta pour donner aux gens la matière nécessaire pour comprendre la réalité du monde et ce, jusqu’à son dernier souffle.

Epris d’une solide philosophie anarchiste autant qu’un puissant hédonisme vitaliste, Jean Chérasse fut un homme au coeur d’or, plein d’amour pour les gens du peuple.

Il repose maintenant en paix.

Dessin de Jean-Jacques Sempé