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La cause de Dieu

Henri Guillemin reprend, sous un titre à peine modifié, La cause de Dieu, deux études sur Lamartine et Ozanam qui ont paru, en 1944, en Suisse, dans un volume intitulé La bataille de Dieu.

Il y ajoute un long chapitre sur Rousseau et Robespierre, deux destins apparentés, dont il se souviendra quand il écrira son grand livre sur Robespierre, politique et mystique.
Son but est de »attester que l’après-Voltaire n’a pas été la disparition du christianisme. »

Les témoignages ici réunis sont ceux de « quatre hommes qui ont cru en Dieu. » Pas forcément de manière orthodoxe, pas du tout comme les chrétiens de convenance qui ne s’en servent que lorsque ce Dieu sert leurs intérêts de propriétaire. Ils ont cru en un Dieu-Amour, animés qu’ils étaient « d’une passion de la justice et d’une espérance désespérée mais invincible dans [sa] réalité vivante, et cachée. »(HG)
Guillemin est de cette famille.

« Je ne cesse de remercier le sort – le Ciel- de m’avoir accordé cette chance de naître en France plutôt qu’en Arabie ou dans l’ Inde ou en Chine et de m’avoir fait connaître ce Témoin qui se nommait Ieschoua dans sa langue araméenne et qui a cru pouvoir dire, telle était sa transparence, qu’on « voyait Dieu » à travers lui. »

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L’affaire Jésus

L’Affaire Jésus a sans doute été un des grands succès de librairie d’Henri Guillemin. Il veut, avec honnêteté, faire le point sur ce Jésus dont certains nient l’existence alors que d’autres voient en lui Dieu fait homme.
Il a lu les travaux des exégètes et des historiens des religions ; il a cherché à comprendre les avancées des théologiens parmi les plus contestataires il a médité les textes du Nouveau Testament. Il sait la fragilité des témoignages et les apports parfois très tardifs aux Évangiles. Il sait aussi que l’époque ne baigne plus dans la croyance sans histoire des siècles derniers.

Et pourtant, il ose affirmer qu’il croit en ce Dieu dont Jésus a dit qu’il était Amour. Le reste compte moins à ses yeux, les miracles, les dogmes, la discipline morale. Cela seul est essentiel. Le livre date de 1982.

Guillemin nous le propose comme un « témoignage testamentaire », le résultat de toute une vie de réflexion et de méditation. « Je sais très bien que n’a vraiment guère d’importance ce que peut dire à ce sujet quelqu’un qui n’a jamais été un créateur, mais un simple commentateur, au surplus, comme tel, très contesté. Pourtant, je me risque. Dans l’espoir d’aider peut-être, avant de mourir, quelques esprits – de jeunes esprits surtout – guettés par la tentation, trop explicable, du « à quoi bon. »

Ce texte est suivi d’un inédit sur Marie, mis au point par Patrick Berthier, qui montre jusqu’où Guillemin, à la fin de sa vie, peut aller dans la remise en cause du contenu du catholicisme.

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La bataille de Dieu

Ce livre comprend des études (à quoi est ajouté un texte consacré à Marc Sangnier qui n’a pas encore été repris en volume) qui portent sur quatre grandes figures qui ont marqué l’histoire du catholicisme français au XIXème siècle.

« La Mennais et ses amis, en 1831, avec son journal L’Avenir. Lamartine, dans cette singulière affaire du curé de Chânes, Ozanam au cœur de la tragédie de 48, Hugo enfin à l’heure où s’opère en lui une dramatique rupture. »(H.G.)

Chacun, à sa manière, entre dans « cette grande bataille, la bataille de Dieu » (Lamartine) contre la hiérarchie catholique et contre les pouvoirs avec lesquels elle a fait alliance. Leur courage, leur honnêteté en fait des hommes comme Guillemin les aime.

Il développe plus largement son étude sur Ozanam, « ce petit Ozanam », le moins connu des quatre et dont il se sent le plus proche, haï par tous les défenseurs de l’ordre et surtout les défenseurs « catholiques ».

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Malheureuse Eglise

Depuis l’article « Par notre faute » paru, en 1937, dans la revue dominicaine La vie intellectuelle et que Patrick Berthier a mis en annexe de son Cas Guillemin, jusqu’à Malheureuse Église qui est de 1992, un an avant sa mort, Henri Guillemin a entretenu avec l’Église catholique des relations difficiles, faites à la fois de colère et d’attachement malgré tout.
Il ne peut se résoudre à ce que l’histoire nous rapporte abondamment : la compromission de l’Église avec le pouvoir et l’argent, en trahison manifeste du message du Christ qui est celui de l’amour des plus pauvres.
Et il règle ses comptes, à la fin de sa vie. Il ne reste plus grand chose de ce à quoi il avait cru. Il « démythologise », comme dit le théologien allemand Bultmann à tout va. Des dogmes, il ne reste plus grand chose. Le Christ est un chic type – naissance, incarnation, ascension, résurrection… tout cela est bien invraisemblable, de même que la « magie » des sacrements, baptême et eucharistie.

Reste qu’il a l’intuition d’un Dieu-amour et cela, sans doute, n’est-il pas remis en question par Guillemin.
Fidèle malgré tout à la pratique religieuse, Guillemin demeure écartelé entre rationalisme et fidéisme. Il a eu l’honnêteté de le dire. Fidèle au Christ, mais pas à son représentant sur terre, ce « pontife de type médiéval » qui n’empêchera pas l’Église institutionnelle de s’effondrer dans un proche avenir.