Depuis l’article « Par notre faute » paru, en 1937, dans la revue dominicaine La vie intellectuelle et que Patrick Berthier a mis en annexe de son Cas Guillemin, jusqu’à Malheureuse Église qui est de 1992, un an avant sa mort, Henri Guillemin a entretenu avec l’Église catholique des relations difficiles, faites à la fois de colère et d’attachement malgré tout.
Il ne peut se résoudre à ce que l’histoire nous rapporte abondamment : la compromission de l’Église avec le pouvoir et l’argent, en trahison manifeste du message du Christ qui est celui de l’amour des plus pauvres.
Et il règle ses comptes, à la fin de sa vie. Il ne reste plus grand chose de ce à quoi il avait cru. Il « démythologise », comme dit le théologien allemand Bultmann à tout va. Des dogmes, il ne reste plus grand chose. Le Christ est un chic type – naissance, incarnation, ascension, résurrection… tout cela est bien invraisemblable, de même que la « magie » des sacrements, baptême et eucharistie.
Reste qu’il a l’intuition d’un Dieu-amour et cela, sans doute, n’est-il pas remis en question par Guillemin.
Fidèle malgré tout à la pratique religieuse, Guillemin demeure écartelé entre rationalisme et fidéisme. Il a eu l’honnêteté de le dire. Fidèle au Christ, mais pas à son représentant sur terre, ce « pontife de type médiéval » qui n’empêchera pas l’Église institutionnelle de s’effondrer dans un proche avenir.