Vivement critiqué par les spécialistes de Chateaubriand lors de sa publication, au début de 1965, ce livre fait partie de ce qu’on pourrait appeler les « portraits rectifiés » de Guillemin.
Il ne s’agit pas pour lui de dénigrer l’écrivain, artiste admirable, mais d’aller au-delà du « personnage grandiose et drapé qu’il se plaît, la plupart du temps, à dresser sous nos yeux » et de l’atteindre « dans sa vérité humaine » (c’est le sens même du titre) ; or, « si nous lisons vraiment, d’un bout à l’autre, et avec attention, ses Mémoires d’outre-tombe », nous le pouvons.
Le mot de l’éditeur Hetzel traitant Chateaubriand de « fameux lapin », Guillemin le reprend avec gourmandise, et pas seulement à propos de ses amours ; mais là même se lit paradoxalement son affection pour l’homme, « tricheur, hâbleur, vorace et charmant ».
Les universitaires ont eu raison de lui reprocher le peu de rigueur avec lequel il a établi le texte des fragments inédits des Mémoires qui terminent son livre, mais ce qui doit nous retenir à la lecture du volume dans son entier, c’est la liberté souveraine d’un admirateur indépendant à tous égards.