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Charles Péguy

Cinq ans après Regards sur Bernanos, qui lui a valu les foudres des “chiens de garde” de l’écrivain, Guillemin récidive. Ce Péguy de 1981 marque sa rupture avec Gallimard ; à Bernard Pivot, qui a réussi, pour la première et unique fois, à le faire venir à Apostrophes, et qui lui demande pourquoi ce livre paraît au Seuil, il révèle ce qu’on lui a répondu pour justifier son éviction : « Péguy est au-delà de l’horizon », autant dire oublié, sans intérêt.

Il est convaincu du contraire, car depuis longtemps il se demande ce qui a pu déterminer le passage de Péguy du socialisme de sa jeunesse à des attitudes inverses, jusqu’à insulter Jaurès de la pire façon.

Ce qu’il a voulu dans cette enquête, c’est « connaître – ou deviner, ou entrevoir – Péguy tel qu’il était vraiment », dans les domaines essentiels à ses yeux : politique, religion, sexe. Les “péguystes” n’ont pas aimé.

Pourtant, qu’a fait Guillemin dans ce livre ? seulement lire tout Péguy, y compris la foule des inédits posthumes. S’en dégage le portrait complexe d’un polémiste public pétri de contradictions, et d’un homme privé toujours malmené par « l’infortune et la déception et la souffrance ».

Pour le lecteur actuel c’est plus encore : en filigrane s’y dessine en effet avec vigueur la France elle-même contradictoire d’avant la guerre de 14 – dont Péguy devait être une des premières victimes.