La bourgeoisie dormait sur ses deux oreilles – la Révolution montagnarde (1792/1794) était loin ; l’Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet avaient consolidé son pouvoir ; il y avait bien eu quelques peurs en 1830, mais tout était vite rentré dans l’ordre. On pouvait continuer de s’enrichir en paix et tant pis pour les pauvres.
La misère du peuple est de plus en plus insupportable et les idées socialistes gagnent du terrain. Il suffit d’une étincelle pour qu’un soulèvement se produise. « L’ordre social est menacé, dans toute l’Europe, par une nouvelle invasion de barbares », écrit Montalembert, en janvier 1848.
Henri Guillemin retrace les péripéties politiques de ces quelques mois où l’avènement d’une république authentique fut sur le point de se réaliser. De nouveau l’espoir se réveillait, et dans toute l’Europe. Mais la bourgeoisie ne pouvait laisser ses intérêts vitaux menacés par une poignée d’irresponsables qui excitait le peuple. La répression, lors des journées de juin, fut terrible. La grande peur des bien-pensants débouche toujours sur des massacres commis au nom de la défense de l’ordre.
On suit au jour le jour, avec Guillemin, les différents événements de cette tragédie qui déboucheront sur le triomphe de la bourgeoisie prête, une fois de plus, à s’en remettre à un régime autoritaire. Après l’oncle, le neveu.