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Un an après le colloque sur la Commune, quoi de neuf ?

Archimède – tableau de Domenico Fetti, peintre italien baroque (1589 – 1623) – galerie Alte Meister à Dresde

Faudrait-il rester insensible à certains concours de circonstances, à une sorte de hasard objectif tel que le théorisait André Breton ? Une posture trop surréaliste ? Peut être.

Si ce n’est que les événements qui nous sont parvenus, survenus en une même période, soit un laps de temps restreint (les derniers mois de l’année dernière), concernent nos amis du monde (menacé) de la recherche et de la pensée critique ; plus exactement ceux et celles que nous avions invités à intervenir à notre dernier colloque et dont les travaux, ressortissant pleinement aux valeurs que nous défendons, méritaient qu’on s’y intéressât de plus près .

Déjà, à la suite du colloque « Henri Guillemin et la Révolution française – le moment Robespierre » le 26/10/13, nous avions relayé les informations sur les travaux menés ultérieurement par certains des intervenants.

Cette fois-ci, un an après le colloque sur la Commune, nous avons le plaisir de vous présenter d’intéressantes nouvelles qui concernent Patrick Berthier, Cécile Léger, Annie Lacroix-Riz et Jean Chérasse.
Commençons donc par ce dernier.

Jean Chérasse

Jean Chérasse fut l’un des intervenants de notre colloque le 16 novembre 2016. Son intervention portait sur : « Les « 72 Immortelles » ou la Commune, révolution de la fraternité ».

La bonne nouvelle à indiquer de suite est la parution, dans quelques mois, de son immense ouvrage sur la Commune de Paris intitulé : Les 72 immortelles ou la fraternité sans rivages.

Rappel des faits.

Au moment du colloque, Jean entrait dans la dernière phase de la rédaction de son immense ouvrage sur la Commune.

Cet ouvrage est pour lui un colossal engagement : d’abord une promesse faite à Henri Guillemin au moment où celui-ci, complice de ses travaux, s’impliqua directement dans la réalisation de son film sur l’affaire Dreyfus ; film absolument exemplaire, si contesté, si bafoué, si malmené par les dominants de l’époque ; une œuvre parmi les raretés qui lutte pour la vérité des faits, heureusement encore disponible en DVD sur les marchés numériques.

C’est ensuite un engagement personnel, hautement philosophique, politique et personnel, voire intime, puisque le livre est réalisé à partir d’archives historiques, dont une partie provient de certains membres de sa famille, « Communeux » indéfectibles.
Oui, car la Commune est pour Jean le chant absolu de l’indestructible humanisme, de l’indéfectible fraternité entre les hommes, qui, par delà les obstacles, devraient unir tous les êtres humains. Lumières que la Commune a, pendant 72 journées mémorables, esquissé, et qui restent un témoignage vivant aujourd’hui.

La deuxième bonne nouvelle est que Jean Chérasse, après avoir essuyé une multitude de refus de la part d’éditeurs pourtant encartés à gauche (Ah ! Quand il s’agit de parler du peuple !), a conclu un contrat, en bonne et due forme avec les éditions Le Croquant.
Un livre à paraître « au temps des cerises »…. comme il me l’a dit (mais cerises du printemps 2018 !).

L’ouvrage est important. Il se compose de cinq parties qui suivent une introduction très étoffée. La première retrace l’histoire des luttes depuis 1789 jusqu’à 1871. La deuxième parle des prémisses de la Commune. La troisième est le coeur de l’ouvrage :  une éphéméride des 72 jours de la Commune, le récit des faits de la vie quotidienne, basé sur les archives et les traces accessibles, les témoignages publics et privés, les poésies et chansons, les photographies,  le tout agrémenté par des extraits des œuvres de fiction-documentaire des écrivains et des dessinateurs. La quatrième partie a pour titre  » Décodage, désenfumage et analyses ». Enfin, la cinquième et dernière partie rassemble les conclusions.

Continuons par

Céline Léger

Céline Léger fut l’une de nos intervenantes au colloque pré-cité. Sa très brillante intervention avait pour sujet :  » La Commune de Paris, drame de Vallès (1872) : une « fédération des douleurs » ? « .

Le 12 octobre 2017, eut lieu la soutenance de sa thèse de littérature française sur le thème « La fabrique médiatique de l’événement au XIXe siècle : Jules Vallès, écrire et faire l’histoire ».
Un sujet important pour nous s’agissant de Jules Vallès, l’un des acteurs de premier plan de la Commune, doublé de l’écrivain ainsi révélé. Henri Guillemin lui a consacré un livre pour approcher au près cet homme énigmatique qui intriguait Guillemin par « le feu qui brûlait en lui ».

La soutenance s’est déroulée devant un jury composé de : Marie-Eve Thérenty (professeur de littérature française à l’université de Montpellier III), Marie-Françoise Melmoux-Montaubin (ancienne élève de l’ÉNS – Sèvres, agrégée de lettres classiques, docteur en littérature française, spécialiste de la littérature du XIXe siècle ), Denis Pernot (professeur de littérature française à l’université Paris-13), Corinne Saminadayar-Perrin (co-directrice de thèse -professeur de littérature française du XIXème siècle à l’université Paul-Valéry -Montpellier 3), et Jean-Marie Roulin (co-directeur de thèse – professeur de littérature française du XIXe siècle, université Jean Monnet, Saint-Étienne).

Et, circonstances des temps, hasard heureux, au mois de décembre 2017, Céline nous informait que sa thèse était en bonne voie d’être publiée en 2018.

Depuis, Céline Léger, forte de ses degrés d’éminence, mais au gré des procédures propres à l’Education Nationale, a repris un poste d’enseignante agrégée de français dans l’enseignement secondaire.

Une autre bonne nouvelle est qu’elle prépare actuellement un recueil d’inédits de Jules Vallès pour un numéro à venir de la revue Autour de Vallès (pour aller voir la revue, cliquez ici)

De plus, infatigable, elle prépare parallèlement, en tant que co-directrice, un numéro spécial de cette même revue sur le thème des écrits d’exilés au XIXe siècle.

Filons maintenant notre récit par

Annie Lacroix-Riz

Annie Lacroix-Riz fut l’une des intervenantes au colloque de novembre 2016 sur Henri Guillemin et la Commune sur le thème « 1870, une défaite choisie ».

Annie partage actuellement son temps entre la rédaction de son prochain ouvrage qui fait suite à Les élites françaises entre 1940 et 1944 – De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine ? paru en avril 2016 aux éditions Armand Colin et ses nombreuses interventions publiques comme au Centre Universitaire d’Etudes Marxistes (CUEM), au Café d’histoire critique et de philosophie marxiste ou dans certains media, comme très récemment sur Radio Galère (pour écouter l’émission, cliquez ici). 

A la fin du mois de novembre 2017, Annie diffuse le message suivant :

Je vous remercie de prendre le temps de vous informer sur un exemple de censure cléricale et médiatique étendue sur plus d’une année, et qui vient de se clore à la RTBF, principale chaîne de télévision belge.

Un tel interdit mériterait la fanfare, mais les spectateurs belges l’ignoreront sans doute autant que le public français. Cet exemple accroît la longue liste connue des ostracismes prononcés de longue date en France contre la recherche scientifique et critique en général, et contre les chercheurs indépendants des puissants en particulier.

L’exposé, un peu long, ne vous rebutera pas, j’en suis certaine : j’ai été contrainte à fournir des détails, les jugeant d’autant plus nécessaires qu’il est rare de pouvoir saisir (ou disposer d’éléments solides sur) le processus de censure qui, nous affirme-t-on, n’existe pas dans nos démocraties-modèles et notre grande presse libre.

Les correspondances attestent que je n’étais aucunement demanderesse de la publicité des grands médias: dois-je préciser que c’est toujours le cas, et que je considère les sources électroniques comme le quasi exclusif moyen d’information actuellement accessible : jusqu’à quand est une question qui se pose de plus en plus clairement.

Ambitious new plans – 2005 – Tableau de Jules de Balincourt, artiste français né en 1972

Puis vient le lien (cliquez ici) qui amène au récit détaillé de cette censure déguisée. Une censure directement dirigée contre la recherche critique, donc contre l’établissement de la vérité historique qui dérange les puissants, quels qu’ils soient.

Comme vous le verrez, ce n’est pas la longueur du texte qui surprend : il se lit très facilement, quasiment comme une histoire à suspense, sauf qu’il ne s’agit pas d’une fiction mais bien de la réalité. Ce qui étonne le plus est l’enchaînement des faits qui culminent à une sorte de coup de théâtre grotesque et grossier, derrière lequel se révèle l’âpre réalité des rapports de force sociaux toujours à l’oeuvre.

Et, « Last but not least », nous finissons par

Patrick Berthier

Patrick a ouvert le colloque sur la Commune par une intervention « Petit inventaire des écrits de Guillemin sur la Commune » qui débutait par un beau texte du jeune Guillemin et qui montrait que ce sujet avait été au centre de ses réflexions tout au long de sa vie.

La bonne nouvelle est la parution, fin décembre 2017, de son ouvrage Henri Guillemin tel quel aux éditions Utovie. Un portrait critique, une nouvelle étude sur l’homme, son œuvre, sa méthode, ses engagement. Un livre brassant 40 ans de travail et de fidélité à Henri Guillemin.

Voici la présentation de l’éditeur :

Henri Guillemin, par son approche iconoclaste de l’Histoire, suscite toujours autant de passions. Haï par ses détracteurs, adulé par ses inconditionnels, il dérange les habitudes coincées des « spécialistes », bouscule les idées reçues, enthousiasme les rebelles… Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il nous a appris à aimer l’Histoire dès lors « qu’elle entre dans la période des aveux » et quitte les chemins des « gens de bien » .

En juillet 1977 et janvier 1978, Henri Guillemin s’est longuement entretenu avec Patrick Berthier ; le résultat de ces dialogues, soigneusement revu et souvent très atténué par l’intéressé, a été publié chez Gallimard sous le titre Le Cas Guillemin en 1979.

On lira ici non pas la réimpression de ce livre, mais l’édition de l’enregistrement original, avec rétablissement de tous les passages supprimés ou modifiés comme politiquement ou religieusement incorrects ; on pourra ainsi constater que dès 1977 le matériau et les thèmes de L’Affaire Jésus (1982) ou de Parcours (1989) étaient fixés dans l’esprit de Guillemin.

Cet autoportrait désormais non censuré forme le noyau d’un ensemble dont la première et la troisième parties sont une version revue et enrichie de Guillemin, légende et vérité publié par Utovie en 1982. Ainsi se trouve enfin réalisé ce qui à l’origine aurait dû former un livre en trois parties : l’image de Guillemin dans la critique des années 1950-1970, les mots de Guillemin dans les entretiens de 1977-1978, la part intime de Guillemin telle que la lecture de toute son œuvre permet de la deviner.
En somme, « Guillemin tel quel ».

 

En écrivant ces lignes, j’ai eu envie, s’agissant du portrait d’un homme à la personnalité complexe et captivante, de mentionner également le témoignage de Patrick Rödel.
D’abord en rappelant le portrait à la fois intime et critique qu’il a dressé de Guillemin dans son livre Les petit papiers d’Henri Guillemin (lire le résumé en cliquant ici).
Et ensuite en vous invitant à lire le texte qu’il a rédigé pour saluer la sortie de Henri Guillemin tel quel, paru le 29 décembre dernier dans Médiapart. (Pour lire la recension de P. Rödel, cliquez ici.).

Lettre rédigée par Edouard Mangin

 

Bateaux de combat, bateaux de papier – 2000 – oeuvre de Lester Rodriguez artiste du Honduras né en 1984