Comme prévu, voici le second volet du diptyque concernant Emile Zola.
Ce colloque 2023 concerne principalement l’affaire Dreyfus, pour laquelle l’écrivain, homme de Lettres reconnu, eut le magnifique courage de s’engager. Un engagement d’une force inouïe, dont la portée et le sens sont devenus historiques, l’érigeant comme un modèle de l’indéfectible combat du citoyen contre l’injustice.
Pour rappel, nous avions organisé le 12 novembre 2022, un colloque entièrement littéraire centré sur la figure de l’écrivain Emile Zola, à l’occasion des 120 ans de sa disparition intitulé : « Guillemin/Zola, un engagement littéraire et politique ». (Toutes les vidéos des interventions sont disponibles sur ce site).
Ce second colloque Henri Guillemin poursuit l’hommage et se concentre sur l’affaire Dreyfus.
Il s’intitule : « L’affaire Dreyfus et son temps. Enjeux politiques et interprétations ».
En effet, l’affaire Dreyfus, au-delà de la scandaleuse injustice, s’appréhende aussi par plusieurs facettes structurelles : antisémitisme, Armée restée monarchique, Institution judiciaire aux ordres, rôle politique de l’Eglise catholique, profondes diffractions du corps social entre dreyfusards et antidreyfusards (actualisons, et on comprendra), bouillonnement politique révélant les soubresauts de la jeune IIIe République pour affirmer ses principes républicains contre les forces réactionnaires les plus extrêmes, voire fascistoïdes (actualisons, et on comprendra).
Sur une journée entière, une équipe de sept éminents intervenants, spécialistes de Zola et de l’Affaire, s’attachera à présenter les différents aspects de ce scandale d’Etat.
Pour permettre de dérouler amplement chacune de ces problématiques, nous avons fait le choix d’une durée d’exposé plus longue que d’habitude : 45 minutes au lieu des 30 minutes standard.
Le programme est prêt.
La date du colloque est fixée : 18 novembre 2023.
Les inscriptions sont ouvertes.
Il suffit de s’inscrire. C’est en cliquant ici.
Vous arriverez alors sur la page du programme. Ensuite, il suffit de cliquer sur le gros bouton rouge pour effectuer votre inscription. Vous arrivez alors sur le site marchand dédié. Il vous suffit de choisir la quantité de places que vous désirez acheter en cliquant sur l’onglet « Quantité ». Et tout suit logiquement.
Pour s’inscrire au colloque dés maintenant, cliquez ici.
Le refus de se laisser monter sur la cervelle
Pour notre nouvelle rubrique, instaurée lors de notre dernière newsletter du 14 juillet (pour la relire, cliquez ici), nous avons opté pour un sujet qui mobilise des millions de parents : la rentrée des classes.
Et, dans le cadre de cet important événement, nous posons la problématique générale de l’enseignement républicain, du devenir de cette institution « Education Nationale », dont il faut rappeler la portée philosophico-politique.
Ce discours fondateur de Robespierre :
La Convention nationale doit trois monuments à l’histoire : la Constitution, le code des lois civiles, l’éducation publique.
Je mets à peu près sur la même ligne l’importance comme la difficulté de chacun de ses grands ouvrages. […]
Tout le système du comité porte sur cette base, l’établissement de quatre degrés d’enseignement ; savoir, les écoles primaires, les écoles secondaires, les instituts, les lycées.
Je trouve dans ces trois derniers cours un plan qui me paraît sagement conçu pour la conservation, la propagation et le perfectionnement des connaissances humaines. Ces trois degrés successifs ouvrent à l’instruction une source féconde et habilement ménagée et j’y vois des moyens tout à la fois convenables et efficaces pour seconder les talents des citoyens qui se livreront à la culture des lettres, des sciences et des beaux-arts.
Mais avant ces degrés supérieurs, qui ne peuvent devenir utiles qu’à un petit nombre d’hommes, je cherche une instruction générale pour tous, convenable aux besoins de tous, qui est la dette de la République envers tous ; en un mot, une éducation vraiment et universellement nationale ; et j’avoue que le premier degré que le comité vous propose, sous le nom d’écoles primaires, me semble bien éloigné de présenter tous ces avantages. […]
Osons faire une loi qui aplanisse tous les obstacles, qui rende faciles les plans les plus parfaits d’éducation, qui appelle et réalise toutes les belles institutions ; une loi qui sera faite avant dix ans si nous nous privons de l’honneur de l’avoir portée ; une loi toute en faveur du pauvre, puisqu’elle reporte sur lui le superflu de l’opulence, que le riche lui-même doit approuver s’il réfléchit, qu’il doit aimer s’il est sensible. Cette loi consiste à fonder une éducation vraiment nationale, vraiment républicaine, également et efficacement commune à tous, la seule capable de régénérer l’espèce humaine, soit pour les dons physiques, soit pour le caractère moral ; en un mot, cette loi est l’établissement de l’institution publique. […]
Discours de Robespierre sur le plan d’éducation nationale de Michel Lepeletier.
Ainsi, voici nos recommandations à verser dans le kit d’autodéfense intellectuelle.
Film : Révolution école
C’est l’histoire d’une révolution de velours, celle de l’éducation. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, en Europe, des pédagogues désignent le coupable de la catastrophe : l’école, cette fabrique de la soumission. Il faut construire la Paix.
Comment éduquer la nouvelle génération sans surveiller et punir ? Comment éduquer à l’émancipation ? L’espace de quelques années, des figures charismatiques – Maria Montessori, Célestin Freinet, Alexander Neill – et d’autres vont tenter d’inventer une nouvelle école.
À contre-courant des sociétés blessées et sclérosées qui sont les leurs, ils tentent, par tous les moyens, d’inventer une autre école. Un pédagogue Suisse, Adolphe Ferrière, les réunit au sein d’un mouvement dont il sera le centre névralgique : la Ligue Internationale de l’Education Nouvelle, créée sur le modèle de la Société des Nations.
Vingt ans plus tard, alors que les débats agités de la Ligue se muent en véritable scission entre les pragmatiques et les idéalistes, la montée des totalitarismes vient faire échouer les alliances et sceller les destins individuels : le rêve s’écroule, à l’orée d’une nouvelle guerre.
À partir d’archives rares, le film raconte l’histoire d’un combat pour le progrès humain, porté intimement par des hommes et des femmes hors du commun.
Cette utopie pour un temps réalisée aura pourtant contribué à façonner de manière décisive les théories et les pratiques éducatives et, parce que l’éducation reste au cœur de tout projet social et politique, leur histoire résonne plus que jamais aujourd’hui, entre les murs de nos écoles.
Joanna Grudzinska est née en Pologne et vit à Paris. Elle étudie la philosophie et le cinéma et collabore avec de nombreux cinéastes, surtout au casting. Elle produit parfois pour la radio. Elle écrit et réalise des films de fiction et des documentaires.
Ce film est disponible sur le site de notre partenaire Les Mutins de Pangée.
Film : Les enfants de Barbiana
Dans les années 1960, Don Lorenzo Milani, curé, transforme une paroisse en école pour les jeunes garçons de la région refusés aux examens de l’Etat. La classe, au fur et à mesure de ses agrandissements, devient une véritable communauté.
365 jours par an, 7 jours par semaines, 10 heures de classes par jour, les enfants de Barbiana, avec leur professeur, lisent les journaux quotidiens pour comprendre le monde extérieur, apprennent à lire, à parler, à nager.
Lors du tournage, Bernard Kleindienst retrouve les élèves qui lui racontent cette aventure hors du commun et comment elle a fait d’eux des hommes accomplis.
Bernard Kleindienst, né le 14 septembre 1945 à Bruyères et mort le 18 février 2018 à Champigny-sur-Marne1, est un auteur-réalisateur de films documentaires français.
Ce film est disponible sur le site de notre partenaire Les Mutins de Pangée.
Livre : Lettre à une enseignante
Ouvrage épuisé depuis les années 1970 en France, la Lettre à une enseignante de l’École de Barbiana était et demeure un classique de pédagogie critique.
Les Éditions Agone ont réédité et intégralement révisé le livre, préfacé par Laurence De Cock, qui en retrace le contexte de réception ; et introduit par un avant-propos de Pier Paolo Pasolini, inédit en français.
En octobre 1967, les élèves de Barbiana rencontraient l’écrivain et cinéaste, à la Casa della Cultura de Milan, autour de leur livre et de la figure de Don Lorenzo Milani, décédé depuis peu.
Édité pour la première en français en 1968, épuisé depuis la fin des années 1970, ce classique oublié rappelle la relégation toujours d’actualité des enfants pauvres. Mais ici la critique de l’école reproductrice d’un ordre social injuste est formulée par ceux qui le subissent.
Extrait :
« Chère Madame,
Vous ne vous rappellerez même pas mon nom. Il est vrai que vous en avez tellement recalés. Moi, par contre, j’ai souvent repensé à vous, à vos collègues, à cette institution que vous appelez l’“école”, à tous les jeunes que vous “rejetez”. Vous nous rejetez dans les champs et à l’usine, et puis vous nous oubliez.
Il y a deux ans, en première année à la Normale, vous m’intimidiez. J’ai d’abord pensé que c’était une maladie que j’avais, ou que peut-être ça tenait de ma famille. Plus tard j’ai cru que la timidité était un mal des pauvres, que les ouvriers laissent aux fils à papa tous les postes de commande dans les partis et tous les sièges au parlement. La timidité des pauvres est un mystère qui remonte à loin… »
Extrait de l’avant-propos de Pier Paolo Pasolini :
« C’est un livre qui m’a immensément plu parce qu’il m’a tenu constamment en haleine, entre éclats de rire, véritables, physiques, et nœuds à répétition dans la gorge. C’est ce qu’on ressent devant des livres qui redécouvrent quelque chose de manière inédite et neuve, et qui offrent comme un sens de vertige, de liberté, par leur jugement du monde qui nous entoure. Avec ce livre, je me suis retrouvé plongé dans l’un des plus beaux que j’ai lu ces dernières années : un texte extraordinaire, pour des raisons littéraires aussi.
On y trouve d’ailleurs l’une des plus belles définitions de la littérature que j’ai jamais lues : la poésie serait une haine qui, une fois examinée en profondeur et clarifiée, devient de l’amour. »
Et pour finir cette rubrique consacrée à l’éducation populaire, nous recommandons ce livre qui a le mérite de faire connaître, voire de réhabiliter toute l’immense portée sociale, émancipatrice, et donc politique du mouvement communiste.
Livre : Le train des enfants
Naples, 1946. Amerigo quitte son quartier pour monter dans un train. Avec des milliers d’autres enfants du Sud, il traversera toute la péninsule et passera quelques mois dans une famille du Nord : une initiative du parti communiste vouée à arracher les plus jeunes à la misère après le dernier conflit mondial.
Loin de ses repères, de sa mère Antonietta et des ruelles de Naples, Amerigo découvre une autre vie. Déchiré entre l’amour maternel et sa famille d’adoption, quel chemin choisira-t-il ?
S’inspirant de faits historiques, Viola Ardone raconte l’histoire poignante d’un amour manqué entre un fils et sa mère. Immense succès en Italie et en cours de traduction dans 29 pays, ce roman remarquable révèle une auteure d’exception.
C’est à l’initiative de l’Union des Femmes Communistes que, de 1946 à 1952, 70 000 enfants pauvres de l’Italie du Sud ont pris un train – que l’on appelait alors « Le Train du Bonheur » – pour l’Italie du Nord où des familles aisées les accueillaient quelques mois.
Ils découvraient ainsi une nouvelle vie. Et peut-être un nouveau destin.
Certes, la générosité des familles d’accueil illustre un superbe mouvement de solidarité et d’union entre le Nord et le Sud du pays pendant les années d’après-guerre. Mais qu’en est-il du ressenti, des sentiments de ces enfants dont la vie en est bouleversée à jamais ?
Ici, Viola Ardone donne la parole à Amerigo, un gamin des rues de Naples, qui monte en 1946 dans le premier « Train des enfants » avec, entre autres bambins, deux amis de son quartier, Mariuccia et Tommasino.
Cette histoire montre comment des enfants du Sud, victimes du fascisme italien, comme de tous les fascismes, ont été sauvés de la misère par des familles du Nord et grâce à l’engagement du Parti Communiste Italien. Cette histoire est méconnue car les enfants, devenus adultes, en avaient honte et n’en parlaient jamais.
Née en 1974, Viola Ardone est diplômée de lettres. Après quelques années dans l’édition, elle enseigne aujourd’hui l’italien et le latin, tout en collaborant avec différentes publications. Après Le Train des enfants, Le Choix est son second roman à paraître en français, chez Albin Michel.
Lettre de rentrée rédigée par LAHG