Participants au colloque du 17/11/18 – salle Dussane – ENS – Ulm – Paris
Le colloque Henri Guillemin du 17 novembre 2018 à l’Ecole Normale Supérieure (ENS rue d’Ulm) sur « Pétain, montée du fascisme, débâcle de 40, collaboration » a rassemblé environ 130 personnes restées attentives tout au long d’une studieuse et longue journée qui commença à 9h30 et prit fin à 18h45.
Au vu des réactions et autres commentaires d’encouragement et de remerciement exprimés par les participants pendant cette journée, ou le lendemain, nous pouvons être satisfaits de la réussite de cette manifestation qui a touché le but poursuivi, celui de contribuer à faire toute la lumière sur cette période historique en remettant la vérité à l’endroit et en dévoilant les sombres manigances des élites françaises de cette époque.
Ce sont d’importants éléments d’information sur l’histoire passée mais surtout des clés de compréhension de notre histoire actuelle, que l’on peut étendre aujourd’hui au-delà du seul cadre français ; à l’Europe et au Monde, la mondialisation ayant homogénéisé les élites, les méthodes et les processus.
Si l’événement est clos, le désir de prolonger la connaissance dans ce domaine, lui, continue ; chacun à sa façon comme je l’ai dit en conclusion du colloque : en plongeant dans les livres de Henri Guillemin, en visionnant ses conférences TV, et aussi en lisant les ouvrages des intervenants.
C’est pourquoi il nous a semblé utile d’indiquer à nouveau les titres des ouvrages qui ont été mentionnés, avec toutes leurs références.
Les titres des ouvrages et leurs références
Introduction d’Edouard Mangin
Le Talon de fer (The Iron Heel, 1908) appartient au patrimoine littéraire mondial.
Dans ce récit d’anticipation Jack London imagine la société future : révolte ouvrière, grève générale. Une révolution collectiviste aux États-Unis qui avorte au terme d’une impitoyable répression, l’oligarchie capitaliste s’imposant au monde, pour une période de trois cents ans.
Mais ce n’est pas la fin.
Roman socialiste à thèse, récit d’amour et d’engagement passionné dans la lutte, ce texte a été lu comme une préfiguration de la société capitaliste poussée à sa forme extrême : le fascisme.
Existe chez plusieurs éditeurs. Ici, la vignette des éditions « Le temps des cerises« . 400 pages – 15 €
Chef d’oeuvre traduit en plusieurs langues, livre villipendé par les Conservateurs US, mais qui a ouvert les yeux à des milliers d’Américains, Une histoire populaire des États-Unis présente le point de vue de ceux d’en bas.
Howard Zinn, l’ami de Noam Chomsky, confronte avec minutie la version officielle et héroïque de l’histoire de l’Amérique (de Christophe Colomb à George Walker Bush), aux témoignages des acteurs les plus modestes : Indiens, esclaves en fuite, soldats déserteurs, jeunes ouvrières du textile, syndicalistes, GI du Vietnam, activistes des années 1980-1990.
Tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l’histoire officielle qui apparaît ainsi comme une pure légende.
Editions Agone – 812 pages – 28 €.
A noter : chez le même éditeur, l’ouvrage de Gérard Noiriel qui s’inscrit en écho à celui de Zinn : « Une histoire populaire de la France – de la Guerre de Cent ans à nos jours » – sorti le 19/09/18 – 832 pages – 28 €. Une recension de cet ouvrage, établie par Patrick Rödel, fera prochainement l’objet d’une lettre d’information.
Sur la Révolution française, pour aller rapidement au coeur des enjeux, j’ai mentionné « Silence aux pauvres » d’Henri Guillemin.
Cet ouvrage figure sur notre site, à l’onglet bibliographie, champ « histoire politique ».
Pour s’y rendre directement, cliquez ici
Editions Utovie – 130 pages – 14 €
Sur le thème du colloque, deux titres essentiels d’Henri Guillemin, ont été mentionnés. Etant donné qu’ils sont au centre du thème du colloque, ils ont aussi été indiqués plusieurs fois par les intervenants.
Le premier s’intitule « Nationalistes et Nationaux – la droite française de 1870 à 1940 » – éditions Utovie – 482 pages – 32 €.
Cet ouvrage figure sur notre site, à l’onglet bibliographie, champ « histoire politique ». Pour s’y rendre directement, cliquez ici
A noter : dans le cadre de la préparation du colloque, une analyse de ce livre par Patrick Rödel a fait l’objet d’une lettre d’information. Pour la (re) lire, cliquez ici
Le second a pour titre « La vérité sur l’affaire Pétain » – éditions Utovie – 228 pages – 15 €.
Cet ouvrage figure sur notre site, à l’onglet bibliographie, champ « histoire politique ». Pour s’y rendre directement, cliquez ici
Intervention de Patrick Berthier
En juillet 1977 et janvier 1978, Henri Guillemin s’est longuement entretenu avec Patrick Berthier ; le résultat de ces dialogues, soigneusement revu et souvent très atténué par l’intéressé, a été publié chez Gallimard sous le titre Le cas Guillemin en 1979.
« Henri Guillemin tel quel » n’est pas la réimpression de ce livre, mais l’édition de l’enregistrement original, avec rétablissement de tous les passages supprimés ou modifiés comme politiquement ou religieusement incorrects.
Ainsi se trouve réalisé le premier projet d’un livre en trois parties : l’image de Guillemin dans la critique des années 1950-1970, les mots de Guillemin dans les entretiens 1977-1978, et la part intime de Guillemin. En somme, Henri Guillemin tel quel.
Editions Utovie – 328 pages – 28 €
A noter : Le prochain ouvrage élaboré par Patrick Bethier, portant sur Henri Guillemin sortira vers le milieu du second semestre 2019 et s’intitulera « Les Chroniques du Caire » aux éditions Utovie (titre provisoire).
Il s’agit d’une sélection des 98 chroniques littéraires hebdomadaires écrites par Henri Guillemin entre 1937 et 1939, alors professeur à l’Université du Caire, pour le grand quotidien « La Bourse égyptienne« , journal de référence, lu par les élites francophones égyptiennes et rayonnant sur l’ensemble du Moyen-Orient.
Avec une grande profondeur d’analyse et fort d’une plume alerte et toujours incisive, Guillemin critique les livres de ses contemporains écrivains, comme « La nausée » de Sartre, « L’espoir » de Malraux, « Bagatelle pour un massacre » de Céline ou encore « Pour qui sonne le glas » de Hémingway.
Un bonheur de lecture avec le recul d’aujourd »hui.
« Une vie pour la vérité » est une nouvelle bibliographie entièrement revue et corrigée. Elle s’impose à plusieurs titres. D’abord s’y retrouver dans une production impressionnante : plus de soixante ouvrages, des milliers d’articles, des centaines de conférences…
Ensuite, cet ouvrage permettra aux détracteurs de l’historien, comme à ses admirateurs, de mesurer toute l’étendue d’un travail qui force le respect.
Cette bibliographie fait apparaître aujourd’hui Henri Guillemin comme une sorte d’ovni sur le plan de l’intégrité intellectuelle et morale.
Editions Utovie – 158 pages – 15 €
Intervention de Jean Chérasse
Jean Chérasse a mené à son terme, au début de cette année, son immense projet d’écrire un livre sur la Commune, une promesse faite à Henri Guillemin et un engagement philosophique, politique et personnel, puisque ce livre est réalisé à partir d’archives historiques, dont une partie provient de sa propre famille.
Cette oeuvre, intitulée « Les 72 immortelles » se développe sur 900 pages en deux volumes.
Le premier « La fraternité sans rivages« , au sous-titre « Un éphéméride du grand rêve fracassant des Communeux » permet de suivre jour par jour la vie parisienne, du 18 mars au 28 mai 1871.
Le second (en librairie le 6 décembre 2018) « L’ébauche d’un ordre libertaire » au sous-titre « Un regard neuf et affectueux pour la juste mémoire de la Commune de Paris 1871« , est un essai politique visant à décoder, analyser et commenter cet éphéméride, ainsi que le messianisme communeux porté par cette révolution pacifique.
Editions Le Croquant – Vol 1 : 540 pages – 24 €. Vol 2 : 360 pages – 20 €
Intervention de Antoine Perraud
Certains emballements médiaticojudiciaires ont été d’effroyables ratages.
A chaque fois, le journalisme cède à une tentation qui le fait chuter.
Pourquoi celui-ci en est-il arrivé à dénoncer sans vérifier, se posant en justicier alors qu’il n’était que puissant accusateur ? Comment s’est-il transformé en machine à fabriquer des bavures ?
De tels fiascos laissent un sentiment fait d’incrédulité, d’incompréhension, et d’effroi.
Ce livre examine ce travers journalistique en analysant trois moments où la presse s’est substituée à la justice pour imposer son credo et son tempo.
Editions Flammarion – 2007 – 193 pages – 17 €
Intervention de Patrick Rödel
« Les petits papiers d’Henri Guillemin« , est un livre tout en nuance, qui fait le point sur ce qu’a représenté pour Patrick Rödel, cet oncle à la forte personnalité.
Il ne s’agit ni d’un éloge complaisant, ni d’un récit à charge, mais d’un portrait des différentes facettes, parfois contradictoires de cet homme singulier.
Ainsi se succèdent de savoureux et malicieux souvenirs des vacances en famille, au ton très personnel, mais aussi des mises au point critiques sur l’art et la manière avec lesquels Guillemin construisit peu à peu sa vie privée et sa vie publique. Le tout avec l’humour pince-sans-rire propre à l’auteur.
Editions Utovie – 240 pages – 19 €
« L’autre », c’est François Mauriac. Le « frère », c’est Raymond, l’aîné de la fratrie, celui qu’on obligera à reprendre en main les affaires familiales, à endosser la fonction terne d’avoué, celui qui se vivait comme écrivain, qui voulait se vouer entièrement à la littérature. Celui qui est complètement tombé dans l’oubli.
« Raymond, frère de l’autre« , est l’histoire d’un sacrifice, sinon d’une disparition. Dans les biographies consacrées à François Mauriac, Raymond est à peine évoqué.
Jusqu’à ce que Patrick Rödel retrouve sa trace au hasard de ses recherches. S’appuyant sur des documents inédits, il imagine ce qu’aurait pu être le journal intime de Raymond Mauriac, ce « frère de l’autre ». Récit de la frustration, de la solitude, portrait oblique de François, description des milieux littéraires dans l’Entre-deux-guerre.
Editions Le Festin – 248 pages – 19,50 €
Intervention de David Gallo
David Gallo a écrit nombre d’articles et contributions à des actes de colloques et à des ouvrages collectifs. Je rappelle ici sa thèse soutenue le 29/11/14 : « La politique de formation idéologique de la SS (1933-1945) : Institutions, discours, pratiques, acteurs et impact de la Weltanschauliche Schulung« .
Pour en lire le résumé ou pour connaître les modalités d’obtention de l’intégralité de l’ouvrage, cliquez ici
A noter : David Gallo fait partie d’un groupe d’historiens qui travaillent actuellement à une réédition de « Mein kampf » aux éditions Fayard.
Il s’agit bien sûr d’une publication remise en perspective historique, avec l’arsenal de l’appareil critique nécessaire (analyses, introduction, notes..) qui fera, n’en doutons pas, du bruit dans le landerneau médiatique.
Intervention de Annie Lacroix-Riz
Ce livre monumental, écrit presque exclusivement à partir du dépouillement des archives originales françaises et allemandes, a fait date dans l’historiographie européenne de la guerre de 1940/1945.
Se démontre, faits après faits, l’incroyable machinerie collaborationniste de la France de 1935 à 1944, comment les institutions et entreprises françaises ont accueilli le IIIème Reich.
A la faveur de cette 2e édition, l’auteur a entièrement refondu l’ouvrage pour tenir compte des dernières données archivistiques et historiographiques.
Editions Armand Colin – 816 pages – 35 €
A partir d’une étude fouillée des archives françaises et étrangères, ce livre analyse l’histoire des années 1930 pour éclairer les raisons de la défaite choisie de 1940.
On apprend pourquoi et comment le haut patronat et, de manière générale, les élites françaises : militaires, politiciens, journalistes, hommes d’affaires et des organisations reines comme la Banque de France ou le Comité des Forges, ont opté sciemment pour la défaite; un choix copié sur les voisins fascistes, dans l’obsession d’être en accord avec le Reich.
On découvre que l’autonomie des politiciens ou des journalistes relève du mythe et que c’est bien la France des grands intérêts économiques et financiers qui dicta le choix de l’Allemagne comme partenaire privilégié dès les années 1920 et sabota l’alliance russe de revers qui avait évité la défaite en 1914.
Editions Armand Colin – 688 pages – 40 €
Ce livre analyse pourquoi les classes dirigeantes françaises ont pris au 19e siècle l’habitude de s’appuyer sur des homologues étrangères, plus puissantes et plus sûres d’elles.
Au 20e siècle, elles ont opté tour à tour, ou conjointement, pour leurs partenaires d’Allemagne et des États-Unis.
Ainsi, à l’été 1940, au terme d’une décennie de crise, triompha avec Vichy le tutorat allemand que les élites françaises avaient mûrement préparé. L’attachement durable des classes dirigeantes françaises au tuteur allemand et au tandem Laval-Pétain, qu’elles avaient choisi dès 1934, se prolongea souvent jusqu’à la libération de Paris.
Mais dès l’été 1941 avec la mort du Blitzkrieg à l’Est, une nouvelle réalité s’impose qui va dicter leur ralliement à la Pax Americana, du grand capital financier aux chefs militaires et au haut clergé.
Editions Armand Colin – 496 pages – 29 €
A noter : le prochain ouvrage de Annie Lacroix-Riz, en cours de rédaction, sortira fin 2019 et s’intitulera « Le mythe de l’épuration des élites françaises 1943 – 1950 » (titre provisoire).
Lettre d’information rédigée par Edouard Mangin
Un lever de soleil sur une mer de nuages
5 réponses sur « Colloque Henri Guillemin 2018 : les lendemains »
Une magnifique journée de vérité où le pavé dans la mare du témoignage Jauneaud a judicieusement introduit l’estocade brillante d’Annie Lacroix-Riz
Bonjour à toutes et à tous.je n’ai pas venir…hélas les moyens techniques audiovisuels coûtent chers…une conférence vidéo serait le bienvenu..A bientôt !
Bonjour,
Oui, effectivement, nous n’avons pas encore les moyens de mettre en place un colloque retransmis en vidéoconférence. Mais je vous informe que toutes les interventions ont été filmées et seront mises en ligne sur notre site et sur youtube au mois de janvier prochain, permettant ainsi à ceux, comme vous, qui n’ont pas pu venir à Paris le 17/11, de voir et d’entendre les intervenants.
Bien à vous.
Votre journée Pétain a mis en valeur que tout a commencé à Verdun. Pour moi Verdun reste une inconnue, qu’y avait donc fait Pétain de si remarquable pour qu’on le nommât maréchal, alors que l’on savait qu’il était profondément défaitiste ? Là est la grande faute initiale. Peut-être aussi la sauvagerie d’autres commandants a-t-il rendu Pétain plus honorable ? Pourtant, comme il l’a montré à Vichy, Pétain n’avait que mépris pour les ‘petits’ ou les opposants ; on pouvait déjà le humer.
Dans l’entre deux guerres, l’ascension de Hitler, l’horrible diable qu’était l’URSS pour les chrétiens, a fait du ‘vainqueur’ de Verdun une toute puissante idole, qui a cassé notre machine militaire, au nom d’une défense illusoire et périmée, même en présence du réarmement moderne de nos adversaires….
Pétain était certainement ambitieux ; comment a-t-il pu être comblé en régnant sur un petit tiers de la France, avec la seule satisfaction d’avoir étranglé la ‘gueuse’, et en envisageant un avenir de vassal pour le pays ? Mystère, peut-être était-ce mieux que rien ! Même chose pour nos fameuses ‘élites’ ; il fallait vraiment que l’URSS leur eût flanqué une sacrée pétoche !
Je n’ai pas du tout reproché à Annie Lacroix-Riz d’avoir appelé Pie XII le pape de Hitler ; j’ai voulu dire au contraire qu’en dépit de ses vêtements immaculés il était de la même espèce. On condamne plus facilement ceux qui ont du sang sur les mains, mais l’argent et la religion, apparemment non sanguinaires, atteignent les mêmes sommets de violence, moins directement. Le pape, représentant l’argent et la religion, était viscéralement ennemi de l’URSS, d’où son attirance pour Hitler. Certaines de nos ‘élites’ partageaient une responsabilité équivalente (l’épuration mesurée est un signe de connivence, un renvoi d’ascenseur en quelque sorte, claire forme de corruption).
Merci encore de cette journée, Jean Boutan
Je parcourrais volontiers plusieurs fois par an les quelque huit cents kilomètres qui me séparent de Paris, pour assister à de nouveaux colloques Henri Guillemin. Tout était passionnant et de grande qualité. Il fait bon entendre nommer un chat un chat. Pour ma part, je ne fais qu’apprécier de plus en plus ce personnage clé qui, dans les confusions en tous genres de l’actualité, continue à tracer efficacement des lignes et repères sûrs (et avec quelle générosité !).
Grand merci à vous.